CO N°1260 (3 avril 2021) – Éditorial : Haïti : Entre violence des gangs et menace de dictature, l’avenir c’est la révolution sociale !

Dimanche 28 mars, des milliers d’Haïtiens ont manifesté leur colère dans les rues de Port-au-Prince. Ces manifestations ont eu lieu après le discours du président Jovenel Moïse sur son intention de modifier la Constitution par une pseudo consultation populaire, le 27 juin. Une bonne partie de la population y voit l’imposition d’une dictature. Les manifestants ont lancé des slogans hostiles aux États-Unis et à l’ONU (Organisation des nations unies), qui soutiennent le président. Certains ont même appelé la Russie à l’aide.

La population dénonce aussi une augmentation de la violence, des exactions des gangs qui assassinent, décapitent, violent, volent en toute impunité et procèdent à des enlèvements contre rançon. N’importe qui peut être kidnappé, les victimes sont choisies au hasard, habitants de quartiers pauvres, ouvriers, médecins, étudiants, écoliers, commerçants. La Police nationale d’Haïti (PNH) a lancé une opération contre un gang, le 12 mars. Quatre policiers ont été découpés en morceaux, dans le quartier pauvre de « Village de Dieu ». Les photos et les vidéos des victimes ont circulé sur les réseaux sociaux.

Certains de ces gangs sont même liés au président. Les gangs du G9 « famille et alliés » forment la milice du pouvoir en place. L’un des deux principaux chefs de ces gangs, Jimmy Cherizier, alias Barbecue, réputé pour brûler ses victimes, a organisé une manifestation de soutien à Jovenel, le 22 janvier 2021, à Port-au-Prince. L’opposition a aussi ses propres gangs. Lorsque ses leaders ont appelé à fermer le pays, « péyi lock » en 2019, ils ont obligé la population pauvre des quartiers à rester chez elle. Pour l’y contraindre, des hommes armés gardaient les quartiers et menaçaient tous ceux qui osaient sortir. Les ouvriers qui essayaient de se rendre à l’usine pour toucher leur maigre salaire risquaient leur vie. Beaucoup des gens vivent dans la peur. Mais la population sait parfois s’organiser contre les gangs par l’auto-défense. Dans plusieurs quartiers, au Portail Léogane, à Carrefour, à Tabarre dans la région de Port-au-Prince, à Savien dans l’Artibonite, les masses populaires armées de machettes, de bâtons, ont montré qu’elles étaient capables de mettre les gangs hors d’état de nuire. Après l’annonce du kidnapping d’un chauffeur de bus au Portail Léogane, en moins de quatre heures les ravisseurs l’ont libéré. Un enfant de dix ans a été kidnappé devant l’entrée de l’école, le 25 janvier dernier, une importante manifestation des élèves et de la population a permis sa libération. La population a su mettre au pas Odma Louissaint, qui semait la terreur depuis trois ans. Des membres de son gang ont été lapidés par la foule. Et depuis le 13 janvier 2021, on n’entend plus parler d’Odma.

Certains disent qu’Haïti est « un pays maudit », il n’en est rien. Le mal qui ronge ce pays c’est l’exploitation capitaliste. La situation de misère sociale, de violences est aussi la conséquence des menées de l’impérialisme mondial dont la France, les États-Unis qui soutiennent les capitalistes suceurs du sang des travailleurs haïtiens. Ils prospèrent tous sur les conditions de vie infra humaines de millions de pauvres.

Pour s’en sortir les masses exploitées ne peuvent compter que sur leurs propres forces, on le voit. Les travailleurs, les pauvres montrent qu’ils sont capables de contre attaquer ici et là. Ils trouveront aussi le moyen de passer à l’offensive générale de classe avec leur parti, un parti révolutionnaire des travailleurs et des pauvres, jusqu’à la révolution sociale contre leurs oppresseurs.