CO N°1271 (9 octobre 2021) – Guadeloupe – Martinique : Surmortalité due au variant colonial !

Entre le 1er juin et le 20 septembre 2021, le nombre de décès a augmenté de 78 % en Guadeloupe et de 69 % en Martinique par rapport à la même période en 2019, l’année avant la pandémie. En France, cette augmentation a été de 3 % durant cette période marquée par le variant Delta.

Entre le 1er juillet et le 28 septembre 2021, le taux de mortalité lié au covid atteignait 1,49 pour 1 000 habitants en Guadeloupe et 1,38 pour 1 000 habitants en Martinique. Tandis que pour la France entière il était de 0,08 pour 1 000 habitants. Au total depuis le début de l’épidémie en mars 2020, le taux de mortalité lié au covid explose à 2,20 pour 1 000 habitants en Guadeloupe, 1,76 pour 1 000 habitants en Martinique contre 1,33 pour la France entière.

Comment expliquer de tels écarts entre les Antilles et la France ? Depuis le mois d’août, les directeurs des centres hospitaliers, de l’ARS et les ministres ne cessent de culpabiliser les très nombreux non-vaccinés, pour fuir leur responsabilité. Les faibles taux de vaccination aux Antilles ne peuvent expliquer à eux seuls l’ampleur de cette catastrophe prévisible.

Les hôpitaux des anciennes colonies accusent un retard de développement par rapport à la France. La politique de réductions budgétaires dans la santé menée depuis des décennies par les gouvernements de droite et de gauche prend une tournure bien plus grave aux Antilles. Les hôpitaux manquent de personnels et de matériels élémentaires. Un infirmier du CHU de Tours, venu en Guadeloupe en août 2021, dénonçait même le manque de savon pour laver les malades !

La population antillaise est victime de comorbidités graves : diabète, hypertension artérielle, obésité, drépanocytose, cancers de la prostate dus au chlordécone. En Guadeloupe, 11 % de la population est diabétique, contre un peu plus de 4 % en France. L’hypertension artérielle touche 40 % des habitants (31 % en France). En Martinique, ces taux sont aussi très importants. De plus les couches pauvres ont beaucoup moins de moyens de se faire soigner correctement que les couches aisées. Aux Antilles 30 % des gens vivent sous le seuil de pauvreté, pratiquement deux fois plus que dans l’Hexagone ! Tout ceci dans des régions où l’eau du robinet est une denrée rare à cause des innombrables fuites du réseau vétuste.

Voilà d’où vient cette surmortalité aux Antilles : de la pauvreté et des séquelles du colonialisme.