CO N°1271 (9 octobre 2021) – Guadeloupe – Solange Yvon Coudrieu : témoin infatigable de « Mé 67 »

Il est décédé le 4 septembre dernier à l’âge de 84 ans. Il était jeune professeur d’éducation physique quand la sanglante répression de mai 1967 éclata à Pointe-à-Pitre. Sa vie en fut bouleversée.

Le 26 mai, Coudrieu marchait seul pour rejoindre sa femme, partie acheter un cadeau pour la fête des mères. C’est dans la rue Hincelin qu’il croisa des gendarmes à bord d’une jeep. Ces derniers lui tirèrent plusieurs balles dont une qui fit exploser sa jambe droite. Par la suite, il raconta que s’il n’avait pas fait le mort ce jour-là, les gendarmes l’auraient achevé.

Il fut amputé et ne put jamais plus exercer son métier de professeur d’éducation physique.

La tuerie de « mé 1967 » eut lieu à l’occasion d’une grève des ouvriers du bâtiment qui revendiquaient 2 % d’augmentation. Le 26 mai, à Pointe-à-Pitre, les forces de l’ordre tirèrent sur les manifestants rassemblés sur la Place de la victoire pendant une négociation avec le patronat. S’en suivirent plusieurs jours d’un massacre dans les rues de Pointe-à-Pitre et des Abymes.

Par la suite, Coudrieu ne cessa de se battre pour que justice soit rendue à toutes les victimes de la sanglante répression de 1967. Il témoigna publiquement à une période où la crainte de la répression régnait encore dans la population. En 1968, il participa à la défense des militants nationalistes emprisonnés après les émeutes dont ceux du GONG (Groupe d’organisation nationale de la Guadeloupe). Il fit un témoignage poignant lors de leur procès en février-mars 1968. Enuite, il tint pendant toute sa vie à témoigner inlassablement de la férocité de cette répression ordonnée par le colonialisme français sous de Gaulle, Foccart, Messmer et Cie.

Coudrieu n’est plus, mais les enregistrements de son témoignage sont précieux pour la mémoire des générations futures concernant cette page d’histoire connue sous le nom de « Mé 67 ».