CO N°1 (24 mai 1971) – ÉCHOS : LA PREMIERE SESSION ORDINAIRE DU CONSEIL GENERAL DE LA GUADELOUPE

Le vendredi 16 avril s’est ouverte la première session ordinaire du Conseil Général de la
Guadeloupe. Cette session commençait dans une atmosphère « lourde ». En effet, le climat social
avait déjà nécessité une session extraordinaire en fin février pour traiter des problèmes de la grève
des ouvriers agricoles. Maintenant, il y avait la grève des ouvriers du bâtiment, celle des lycées et
C.E.T. de Baimbridge, des C.E.S. de Morne-à-l’eau et du Lamentin, celle du Centre
d’Enseignement Supérieur Littéraire et de l’institut Vizioz. Le 13 avril, un meeting des ouvriers du
bâtiment qui devait se tenir à Grand’Camp avait été interdit. Malgré cela, la réunion de Vizioz qui
avait lieu après, avait groupé une foule de 600 personnes. Bref, tout n’allait pas très bien. Le
Conseil Général voyait une augmentation inquiétante du nombre des auditeurs, parmi lesquels
environ 80 ouvriers du bâtiment de Pointe-à-Pitre venus écouter les conseillers généraux. On
pouvait remarquer l’absence de Bangou, qui ne se mouille jamais, et celle de Lacavé qui, le
lendemain, était venu spécialement de France pour décerner les médailles des Jeux de la
Guadeloupe en compagnie de Brunon.
Après le discours de Rinaldo, sans aucun intérêt, et celui de Brunon, qui se plaignait lui aussi du fait
que le climat s’était alourdi, commença alors la mascarade. Il ne s’est trouvé que Ludger,
l’opportuniste et le « progressiste » Mathieu, pour tenir un langage un tant soit peu énergique en
face de Brunon, dénoncer la répression et… déposer des voeux demandant le retrait des képis rouges
des abords des lieux de travail ! En effet, Archimède (P.C.G.) demandait que… l’usine ne pollue
plus le canal des Rotours à Morne-à-l’eau et Pentier (UDR) déposait un voeu afin que les crédits
alloués aux cantines scolaires soient augmentés ! La foule qui s’était amassée pour écouter la séance
croyait que les débats allaient continuer. Soudain, sur un signe de Brunon, de plus en plus mal à
l’aise face à ces quelques critiques, Rinaldo déclarait la séance levée. Ce fut alors un beau tollé.
L’assistance se dispersa aux cris de « La parole au peuple », « Brunon raciste». Bref, beaucoup de
bavardage, un peu de cinéma de la part des élus et une fin de séance lamentable. Mais quoi d’autre
pourrait-il bien se passer dans cette assemblée-croupion qui, de toute façon, ne décide de rien ?
Chacun sait que les conseillers sont là pour « proposer », pour « émettre des voeux », en un mot,
pour bavarder, mais la décision appartient au préfet.