Le 27 février, plus de 5 000 personnes se sont rassemblées à Fort-de-France, en Martinique, 300 personnes en Guadeloupe, et plusieurs centaines de personnes sur la place de la République, à Paris, contre le risque d’impunité des capitalistes pollueurs dans l’empoisonnement de la population au chlordécone et aux pesticides, sous prétexte de prescription.
La presse française a relayé l’événement. Le mécontentement de la population a été entendu. C’est ainsi qu’on peut se faire entendre, oui. Mais il faudra encore d’autres mobilisations pour obtenir satisfaction sur la reconnaissance effective de la responsabilité de l’État français et des gros possédants, leur jugement et leur condamnation et les indemnisations pour empoisonnement de masse, la reconnaissance du chlordécone et des pesticides comme maladies professionnelles pour les ouvriers agricoles, la dépollution des sols par certains moyens déjà connus.
En Guadeloupe, les prises de parole des ouvriers de la banane à Capesterre exprimaient la souffrance d’une classe mais aussi sa dignité et sa volonté de combat. « Nou ka alé pas’ nou biswen jouné la » (nous y allons parce que nous avons besoin de la journée de travail) a dit une travailleuse agricole âgée et malade. Elle laissait supposer donc que les travailleurs sont obligés d’aller travailler y compris dans des conditions inhumaines mais qu’ils sont parfaitement conscients de leur exploitation.
Déjà les protestations et mobilisations diverses ont abouti à la gratuité des tests de dépistage. Ils permettront à tout un chacun de connaitre le taux de chlordécone qu’il a dans le sang. C’est une première victoire. Il y en aura d’autres. Elles seront proportionnelles à l’ampleur des mobilisations, des protestations populaires.
La foule immense qui a défilé à Fort-de-France et qui rappelait à tous les manifestations de la grève générale de 2009, donne l’exemple à suivre.
Ce qu’il faut surtout retenir de 2009, c’est la peur que les travailleurs en grève et la population ont infligée au pouvoir et aux gros capitalistes. C’est dans ces moments-là qu’apparait la force d’un mouvement, lorsqu’on se fait craindre des adversaires et de l’ennemi de classe, la bourgeoisie et son État avec ses ministres, ses préfets et ses hauts fonctionnaires. Le gain le plus important c’est ce qui permet aux travailleurs, aux classes dominées, aux petits, de prendre conscience de la force qu’ils représentent. Pour aller ensuite plus loin. C’est cette expérience des luttes qui fait germer et fleurir la conscience de classe.
Samedi 6 mars en Guadeloupe, les syndicats appellent à une grande manifestation contre les licenciements, contre toutes les mesures anti ouvrières, pour soutenir la lutte des travailleurs des sablières et des communes comme la grève des communaux de Petit-Bourg, pour des embauches massives, pour l’augmentation des salaires. Voilà une autre occasion de montrer la force des mobilisations de travailleurs. Il faut la saisir. Même si ces mobilisations ne changent pas la situation dans l’immédiat, elles montrent le chemin. C’est ce chemin-là qui peut mener à des luttes plus décisives, à un rapport de force tel que travailleurs et classes populaires obtiennent des avancées réelles telles que par exemple : un salaire minimum pour tous de 1800 euros nets, la répartition du travail entre tous, le contrôle des travailleurs sur les entreprises. C’est aussi le chemin de la prise de conscience que dans l’avenir, seuls un parti révolutionnaire des travailleurs et la révolution sociale contre le système capitaliste mèneront à l’émancipation des travailleurs et des exploités.