En Birmanie, des manifestations de centaines de milliers de personnes ont lieu tous les jours depuis des semaines malgré la répression sanguinaire ! La population proteste contre le retour de la dictature de l’armée birmane depuis son coup d’État le 1er février.
Le 8 mars, l’appel général à la grève a été rejoint par des milliers d’ouvrières du textile. Se sont ajoutés les cheminots, enseignants, employés des banques déjà en grève, les travailleurs de l’énergie, de la compagnie aérienne, des mines, des chantiers… L’armée tire à balles réelles sur les manifestants. Le dimanche 14 mars, 38 manifestants ont été tués dont 22 dans les quartiers ouvriers de Rangoun, la capitale économique. La loi martiale est décrétée ce jour-là par l’armée. Depuis le 1er février des milliers de militants de l’opposition ont été enlevés, battus, interrogés sous la torture, et parfois tués. Dans le canton de Hlaing Tharyar les manifestants se sont armés de bâtons, de couteaux et ont dressé des barricades pour se défendre.
La junte militaire partageait le pouvoir depuis 2016 avec le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), ce qui gênait ses intérêts. L’élite de la junte militaire a la mainmise sur de grands secteurs comme les mines d’extractions de pierres précieuses, la zone portuaire, l’immobilier. Ce sont de véritables gangsters au pouvoir, alimentés par la corruption, qui ont pour habitude d’imposer le travail forcé à la population.
La population se bat contre la mise à l’écart d’Aung San Suu Kyi et son parti LND. Elle démontre là une force potentielle considérable. De leur côté les politiciens du parti démocrate sont dans le camp des grands capitalistes qui ont toujours négocié leurs affaires avec les militaires. Aung San Suu Kyi a collaboré avec l’armée. Bien qu’au pouvoir, ces démocrates soutenaient l’exploitation féroce des ouvriers dans les usines textiles ou les mines. Ils ont laissé faire la répression contre le peuple Rohingya.
Pour pouvoir lutter pour son propre compte la population qui se soulève a besoin de sa propre direction. Ce n’est pas seulement un « retour » à la démocratie dont elle a besoin, mais de défendre ses propres intérêts de classe exploitée.
Si la lutte actuelle que mène la population contre la junte peut faire surgir une direction politique indépendante des forces politiques bourgeoises, dont celle d’Aung San Suu Kyi, elle sera éminemment positive pour les intérêts des travailleurs et des pauvres de Birmanie. C’est cela seul qui marquerait un réel et positif changement pour les pauvres.