Commémorer la Commune de Paris, c’est commémorer la première prise de pouvoir politique par la classe ouvrière. En 1871, le petit peuple, les artisans, les ouvriers de Paris s’insurgent contre le pouvoir en place. Après la fuite du gouvernement suite à la défaite de la guerre contre la Prusse, les communards ont pris les armes pour exercer le pouvoir. Ils gardèrent ce pouvoir durant 72 jours, du 18 mars au 28 mai 1871. Les troupes de la bourgeoisie mirent fin à la Commune par une répression sanglante.
Un contexte de guerre
En juillet 1870 la France déclare la guerre à la Prusse. Très rapidement, en septembre 1870, l’empereur Napoléon III capitule. La nouvelle provoque une agitation dans la population et les courants républicains. Il est décidé de déchoir l’empereur, et la 3ème république est proclamée. Un gouvernement de défense nationale est mis en place pour la poursuite de la guerre contre l’armée prussienne qui occupe le nord du pays. Durant l’hiver 1870-1871, Paris est assiégé et connait une grave famine. Les artisans, les ouvriers et leurs familles sont ceux qui souffrent le plus. Ils rejoignent en grand nombre la garde nationale avec l’idée de défendre eux-mêmes Paris contre l’armée de Prusse.
En février 1871, les élections de l’assemblée mettent en bonne position les monarchistes et portent Adolphe Thiers à la tête de l’exécutif. Ce dernier signe la capitulation de Paris.
L’attitude du gouvernement augmente les tensions dans la population. Ayant passé quatre mois à résister, la population accepte mal l’armistice signé. La nomination de monarchistes à des postes importants (préfet de police, garde nationale, gouverneur), l’interdiction de journaux d’extrême-gauche, la suppression de la solde de 1,5 francs des gardes nationaux sont autant de mesures qui avivent la défiance envers le gouvernement.
Les débuts de la Commune
Décidé à rétablir son autorité, le gouvernement entreprend de désarmer la population, et notamment de récupérer les 227 canons entreposés à Belleville et à Montmartre. Cette tentative est vécue comme une menace par la population. Le 18 mars 1871, alertées par le mouvement des troupes gouvernementales, la garde nationale et la population élèvent des barricades. Le général Lecomte ordonne à l’armée de tirer sur la foule. Refusant de tirer, les soldats se retournent contre les généraux et fraternisent avec la population. Le général Lecomte qui les commandait est exécuté ensuite avec le général Thomas, rendu responsable de la défaite face aux Prussiens.
Face à l’insurrection Adolphe Thiers décide de fuir Paris et de se réfugier à Versailles, en ordonnant l’évacuation des troupes et des fonctionnaires. C’est ainsi que Paris se retrouve sans gouvernement et sans forces de répression.
Un gouvernement du peuple est alors constitué. Un comité central de la garde nationale est mis sur pied. Il organise le ravitaillement et les élections. Les élections ont lieu le 26 mars, et plusieurs militants connus pour leurs idées révolutionnaires sont élus.
Les réalisations du pouvoir ouvrier
Les communards prirent des mesures pour réorganiser la société au profit des travailleurs et de la population. Ils décrètent la liberté d’association pour les ouvriers. La population peut alors intervenir dans de nombreux lieux, pour discuter de la situation, proposer des solutions. Les membres de l’assemblée sont mis sous contrôle populaire et sont révocables. L’armée permanente est supprimée et remplacée par le peuple en armes. Le travail est réorganisé : la journée de 10 heures est adoptée, (avant on pouvait travailler de 12 à 17 heures par jour), le travail de nuit interdit. Les retenues sur salaires et amendes patronales sont abolies. On réquisitionne les logements vacants pour les sinistrés, des orphelinats sont créés, des cantines municipales sont ouvertes et des distributions de repas sont organisées. Une école pour filles est ouverte, l’enseignement religieux est interdit… L’union libre des hommes et des femmes est autorisée.
La Commune réprimée dans le sang
Le 6 avril Thiers lance une réorganisation de l’armée pour « le rétablissement de l’ordre en France ». Il est aidé par la bourgeoisie de Prusse qui libère des soldats français faits prisonniers. Les opérations commencent le 11 avril 1871 autour de la capitale. Plusieurs positions sont progressivement gagnées par les troupes de Versailles.
Le 21 mai les troupes versaillaises gagnent le centre de la capitale. En réaction, des barricades sont montées partout, et la ville est défendue quartier par quartier. Mais au bout d’une semaine, les Versaillais reprennent la ville. Cette semaine, du 21 au 28 mai 1871, sera connue sous le nom de « semaine sanglante ». La répression fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Après les combats, le gouvernement fait près de 40 000 arrestations. Les poursuites dureront jusqu’en 1874. Des condamnations, 13 450, sont prononcées, dont 268 à mort. Les autres furent envoyés aux travaux forcés et à la déportation, comme au bagne en Nouvelle-Calédonie. La violente répression qui s’est abattue sur la Commune est proportionnelle à la peur qu’a eue la bourgeoisie de se voir expropriée.
D’autres mouvements insurrectionnels en soutien aux communards de Paris furent réprimés dans plusieurs villes : Toulouse, Marseille, Narbonne, Saint-Étienne, Limoges, Bordeaux, Lyon, Montereau.
Une expérience riche d’enseignement pour le mouvement ouvrier
Karl Marx, fondateur du communisme, a rendu hommage aux communards qui étaient « montés à l’assaut du ciel ». Il tira également des leçons de leur expérience. Marx leur a reproché de ne pas avoir pris le contrôle de la Banque de France, qui continuait à verser de l’argent à Thiers. Or celui-ci s’en servit pour armer et réorganiser ses troupes. D’autre part, la menace des Versaillais fut sous-estimée. La Commune ne tenta pas de les attaquer, et ne s’est pas préparée à se défendre.
Bien qu’elle fût éphémère, la Commune est le premier exemple de prise et d’exercice du pouvoir par les ouvriers. Elle sera un exemple pour les révolutions futures. En 1917, la classe ouvrière prendra le pouvoir en Russie et le gardera pendant 6 ans. C’est par la prise de pouvoir consciente que la classe ouvrière construira la société communiste, débarrassée de l’oppression des classes parasitaires.