CO N°1260 (3 avril 2021) – Martinique : Manifestation des ouvriers agricoles

Le samedi 27 mars environ 500 personnes ont défilé dans le quartier des Terres Sainville à Fort-de-France à l’appel du « Collectif des ouvriers empoisonnés par les pesticides ». Le collectif appelait tout spécialement les ouvriers agricoles, « en première ligne » dans le scandale du Chlordécone « à se mobiliser avec leurs familles pour exiger justice et réparations ».

Aux dires du président du collectif, environ soixante d’entre eux étaient présents. Tout au long de la manifestation, distribuant des tracts, ils ont clamé leurs exigences en particulier : « le dépistage gratuit de tous les pesticides dans leur sang, les soins gratuits de toutes les pathologies », mais aussi « une retraite minimum de 1 000 euros, ou la suppression de la taxe foncière » Certains d’entre eux habitant comme leurs aïeux sur des terres agricoles du possédant béké Jean Michel Hayot, réclament aussi des titres de propriété.

La journée de mobilisation s’est poursuivie au Lamentin par un hommage aux travailleurs tués le 24 mars 1961 par les gendarmes lors d’une grève des ouvriers de la canne. Puis les manifestants étaient conviés au quartier Bochet au Lamentin, pour des échanges mais aussi un moment de musique avec la participation d’artistes.

Depuis plus d’un an, ce collectif réunit des ouvriers agricoles de la banane, des retraités ou leurs ayants droit. Il dénonce les conditions dans lesquelles ces ouvriers ont travaillé dans les champs de banane, répandu chlordécone et autres pesticides. Passant dans différents quartiers d’exploitations agricoles du Lamentin, mais aussi du Lorrain ou du Morne Rouge, les membres du collectif ont recueilli des témoignages sur les conditions d’exploitation des ouvriers, des ouvrières, des jeunes aussi, les maladies dont ils souffrent mais aussi la misère qu’ils connaissent après une vie de dur labeur. Réunissant ces témoignages sous forme d’enquête ils les ont présentés à la presse mais aussi aux élus de Martinique et même à ceux de l’Assemblée Nationale pour obtenir réparations.

Ces témoignages sont souvent poignants. Ils provoquent surtout la colère contre les patrons exploiteurs qui s’enrichissent sur la sueur et le sang des travailleurs.

Les travailleurs agricoles ne sont pas que souffrance. En Martinique et en Guadeloupe, ils sont surtout symbole de luttes déterminées contre leurs exploiteurs.