CO N°1286 (21 mai 2022) – Haïti : les ouvriers face aux gangs et aux patrons

Les ouvrières et ouvriers doivent tenir compte chaque jour de la pression des gangs en allant au travail. Les camarades de l’OTR (organisation des travailleurs révolutionnaire) dans leur bulletin régulier Pawòl Travayè soutiennent la résistance des travailleurs. 

PAWÒL TRAVAYÈ

Insécurité et embûches pour les ouvriers  sur le trajet vers  les entreprises

À la fin du mois d’avril 2022, plusieurs groupes armés s’affrontaient dans la Plaine du Cul de Sac. Dans cette guerre des gangs, de nombreux ouvriers et ouvrières ont perdu la vie. Certains sont restés en vie mais ont tout perdu, les assassins ont brulé leur maison, tué le bétail. Ils se sont retrouvés les mains vides et ce sont les bons amis du voisinage qui leur ont permis de survivre.

Chaque jour, c’est avec crainte que les ouvriers et ouvrières prennent le chemin du travail. Ils font des kilomètres à pied, prennent les chemins détournés pour essayer d’échapper aux bandits qui contrôlent les quartiers. En plus de ces sacrifices, quand ils arrivent à l’usine ils butent contre les vigiles qui ont reçu l’ordre du patron de renvoyer tous ceux qui arrivent en retard. Ainsi plusieurs d’entre eux ont été obligés de retourner chez eux.

À l’usine Premium les ouvriers se sont révoltés contre cette décision, ils ont forcé le passage en exigeant que leurs camarades puissent travailler.

À cause de l’insécurité, de nombreux travailleurs sont absents. Les modules doivent  fonctionner avec moins de personnes et chacun trime plus que d’habitude pour réaliser le quota journalier. Des patrons ont décidé de renvoyer les ouvriers chez eux dès midi et de les payer une demi-journée seulement. Dans l’usine Horizon du Parc Sonapi et chez Baker, les patrons ont mis à pied les ouvriers plus d’un mois avec le même slogan «on vous rappellera».

Le jour de paye c’est une seule calamité, dans l’enveloppe il ne reste que quelques gourdes sur la quinzaine. Le patron a prélevé tellement de taxes qu’il ne reste plus rien de la paye. On se retrouve à discutailler avec les marchande pour rembourser les crédits faits sur les repas et à s’empoigner avec les préteurs sur gage.

Dans plusieurs quartiers les travailleurs relèvent la tête, réagissent, et répondent aux coups des bandits. Ils déclarent ne pas laisser le quartier aux mains des bandits. C’est un premier pas  encourageant, car si nous ne réagissons pas rien ne changera. Nous ne comptons ni sur la police, ni sur l’Etat pour résoudre ce problème. La classe ouvrière et les masses pauvres ont à combattre toute espèce de gang armé quelles  que soient leurs formes.

OTR  (organisation des travailleurs révolutionnaires)

19 mai 2022