Le 3 novembre, à Bouillante, les gendarmes ont saisi la voiture à pain d’un marchand ambulant, Patrick. Un rassemblement spontané de protestation a eu lieu le jour même.
Deux jours plus tard, samedi 5 novembre, une manifestation plus importante s’est déroulée devant la gendarmerie de Bouillante. Des centaines de personnes ont bloqué la route nationale. Des prises de parole ont été organisées durant une bonne partie de la journée. Dans l’après-midi, sur ordre du procureur, les gendarmes ont rendu sa voiture à Patrick.
La saisie qui avait été effectuée deux jours plus tôt ne correspondait à aucun cadre légal, elle était manifestement abusive. Les gendarmes avaient agi suite à une plainte déposée par le beau-frère de Patrick. Un différend familial oppose les deux hommes. Le beau-frère reproche à Patrick de klaxonner de manière excessive aux abords de son terrain, ce qui nuit à son activité d’accueil de touristes dans des gîtes.
Les gendarmes de Bouillante ont fait diligence pour enregistrer la plainte, et ils ont même fait de l’excès de zèle en confisquant illico la voiture à pain. Cette célérité et cette réaction disproportionnée ont une explication : le beau-frère de Patrick est blanc.
Ce ne serait pas la première fois que les préjugés racistes de certains gendarmes les poussent à faire n’importe quoi. La caserne de Bouillante s’était déjà distinguée dans ce domaine : en 2006, des militaires avaient débarqué dans l’école de Pigeon et terrorisé les enfants pour une banale histoire de goûter entre un enfant blanc et un enfant noir.
Cette affaire de la voiture à pain a suscité une vive émotion durant plusieurs jours, certains affirmant sur les réseaux sociaux « je suis voiture à pain » pour marquer leur désapprobation.
En réalité, il s’agit d’un abus de pouvoir de la part des gendarmes, qui ont agi avec parti pris en faveur du plaignant à la peau blanche. Il a fallu que des centaines de personnes noires manifestent pour contrebalancer la parole d’un seul Blanc !
Cette affaire a mis en lumière, une fois de plus, les séquelles du colonialisme qui perdurent aux Antilles. Mais elle a aussi montré la capacité de riposte de la population. En quelques heures, des dizaines puis des centaines de personnes se sont mobilisées, et ont rétabli Patrick dans ses droits. C’est la preuve que la lutte de masse est payante !