Les travailleurs d’EDF PEI (Production Électrique Insulaire) ont tenu bon pendant 61 jours et traversé des difficultés inattendues. Ils ont montré beaucoup de solidarité entre eux et ont probablement beaucoup appris sur la « lutte des classes », celle entre les ouvriers et les patrons.
Les grévistes réclamaient l’application de l’accord Bino (une prime gagnée lors de la grève générale en Guadeloupe en 2009), le respect des normes de sécurité dans l’usine, le respect de la durée maximale du travail et aussi l’égalité de salaire entre les intérimaires et les embauchés.
La direction ne leur a pas facilité les choses, cela dès le départ en ne les rencontrant pas lors du dépôt du préavis de grève, puis en rompant plusieurs fois les négociations avec l’espoir de les décourager. Ils ont vu aussi son attitude vis-à-vis des inspecteurs du travail, invités à « ne pas venir les contrôler ». Ils ont remarqué aussi le quasi refus de les indemniser alors que le gouvernement pouvait doubler sans hésiter la paie du plus grand chef de l’EDF en France. Les grévistes ont compris qu’ils pouvaient résister à ces attitudes et tenir bon. Ils ont manifesté avec le collectif pour les soignants suspendus.
Les grévistes ont aussi su résister aux attaques des radios, télévisions aux ordres des puissants, suite aux coupures. Malgré les tags immondes sur leurs banderoles et leurs voitures ils ont pu tenir un meeting et répondre aux restaurateurs en colère. Cela a même permis à ces derniers de trouver les solutions auprès d’EDF SEI (service) pour leurs problèmes liés aux coupures. Enfin, ils ont fait savoir à ces petits patrons en colère qu’ils pouvaient aussi manifester pour la mauvaise qualité de l’eau du robinet avec laquelle ils préparent probablement les repas !
Au final la grève a permis d’obtenir une bonne partie des revendications. C’est une bonne chose : des intérimaires deviennent salariés en conservant leur ancienneté, le roulement des équipes sera réorganisé pour que les travailleurs fassent moins d’heures, les salariés bénéficient désormais d’une indemnité pour leurs trajets, et d’une prime thermique pour la pénibilité du travail dans l’usine. Et enfin, la direction a lâché 560 000 € d’indemnités à partager entre les salariés. Ce ne sont pas les 50 000 euros par salarié que réclamaient les travailleurs pour solde de tout compte sur une dette de la direction datant de plusieurs années. Ils continueront à se battre sur le terrain judiciaire pour récupérer ce dû.
La grève est un succès car les travailleurs ont contraint par leur lutte l’EDF PEI à respecter les dispositions du code du travail sur bien des conditions de travail.