Au moment de la journée internationale de lutte des femmes pour leur émancipation, le 8 mars, les chiffres de coups et blessures contre les femmes, tant en Guadeloupe qu’en Martinique, et ailleurs en France ne faiblissent pas.
Ces chiffres sont ceux déclarés à la police. Or les femmes battues ne portent pas toujours plainte, par crainte de représailles, à cause du qu’en-dira-t-on, comme si c’était à celle qui subit des violences d’avoir honte. Ces violences touchent tous les milieux : riches ou pauvres.
Un rapport du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure en France en 2019 signale que « En moyenne chaque année sur la période 2011-2018, 213 000 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint ». Chaque année ! Et chaque année des femmes meurent sous ces violences, 111 au total en France et outre-mer en 2022, laissant des centaines d’orphelins. Il a aussi été noté que « 8 % des femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint dans toute la France l’ont été dans les territoires d’Outre-mer, alors que seule 4 % de la population y vit. »
Cette plus forte proportion aux Antilles peut être liée aux difficultés de la vie : précarité, chômage, avec parfois des problèmes de drogue, d’alcoolisme. Mais ici comme ailleurs c’est toute l’organisation de la société qui est responsable. Dans cette société d’injustices, les femmes sont davantage victimes, considérées comme inférieures, contraintes à la soumission aux chefs, à leur conjoint. Souvent celles qui sont tuées voulaient s’enfuir, quitter une vie de violences. Elles n’ont pas eu le temps, elles n’ont pas trouvé le soutien des services d’aide aux familles : pas possible d’avoir un rendez-vous, ni d’être aidées à trouver un logement. Et où se cacher en Guadeloupe ? Dans l’Hexagone même, une femme a été tuée par son conjoint qui avait un bracelet au pied et l’interdiction de se rendre au domicile de celle qu’il a pu tuer. « Que fait la police ? » ont écrit les journaux.
Si la femme occupe aujourd’hui une situation inférieure à l’homme, ce n’est pas dû à son manque de capacité, qui n’existe que dans la tête des réactionnaires ; c’est parce que nous vivons dans une société d’exploitation, une société qui repose sur l’injustice et l’inégalité.