Nouveau ministre, nouvelle réforme… Le nouveau ministre de l’éducation Gabriel Attal y va de la sienne à grands sons de trompe : « un véritable électrochoc », une « urgence nationale », un « choc des savoirs »…
Il aura au moins prouvé qu’il maîtrise l’hyperbole. Il a profité d’une évaluation commandée par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) qui intervient tous les trois ans pour partir en croisade. Ladite évaluation internationale a mis en lumière le piètre niveau des élèves français, classe d’âge de 15 ans, en mathématiques et en français.
Les mesures principales sont les suivantes : le redoublement sera décidé en dernier lieu par les enseignants et non plus par les parents. Des stages de réussite seront mis en place pendant les vacances pour permettre le passage en classe supérieure si le niveau n’est pas atteint. Des groupes de niveau seront constitués au collège en maths et en français. Les programmes de la maternelle au CE2 seront changés. L’obtention du brevet des collèges deviendra obligatoire pour passer en seconde. Les manuels scolaires au primaire seront labellisés, c’est-à-dire imposés… En mathématiques, les élèves seront soumis à la « méthode de Singapour », pas moins !
Malgré les formules choc, cela se résume à faire du neuf avec du vieux : la plupart des grandes idées d’Attal ont déjà été mises en œuvre dans le passé, sans grand succès. Tout ce remaniement a été concocté sans consultation des enseignants qui sont pourtant les plus à même de faire des propositions cohérentes. Ils se demandent à quoi sert un redoublement pour des élèves à qui la société n’offre aucune perspective, qui de toute façon vont déserter. Ils sont encore plus inquiets concernant les manuels scolaires imposés alors que jusqu’ici ils bénéficiaient d’une petite liberté pour les adapter au profil des enfants. Ils ne voient pas comment il est possible de dédoubler les classes alors que 1709 postes supplémentaires seront supprimés à la rentrée 2024 dans le premier degré en France.
Le budget de l’éducation comme celui de tous les services publics se réduit d’année en année. De plus en plus d’enseignants sont des contractuels, sans sécurité d’emploi, souvent sans formation pédagogique au départ. Une éducation de qualité, cela demande des moyens. Il faut des enseignants en nombre suffisant et des enseignants supplémentaires pour assurer les remplacements. Il faut des locaux adaptés et suffisamment confortables, des programmes assez souples pour tenir compte des spécificités. Il faudrait surtout que la société offre à tous les jeunes un avenir sans angoisse dans la voie qu’ils ont choisie. Mais cela, c’est dans un autre monde qui reste à construire.