En Haïti, début décembre un dénommé Guy Philippe lançait un appel à la population, prêchant à travers le pays la « désobéissance civile » et « la révolution pour changer de gouvernement ».
Son appel au « pays lock » contre le gouvernement d’Ariel Henry, est finalement peu suivi dans le pays. Mais une partie de la population se berce d’illusions face à ce « sauveur » qui prétend vouloir rallier la police et l’armée pour sortir la population de sa situation. Ce sont des illusions ! Ce nouveau leader n’extirpera pas la population de l’enfer qu’elle vit et de la criminalité des gangs.
Depuis le régime des Duvalier de 1957 à 1986, les groupes de malfrats armés par la bourgeoisie, les militaires ou les membres haut-placés du pouvoir, ont toujours mené des campagnes de terreur contre la population. Les Duvalier ont maintenu leur pouvoir en exerçant une violence extrême contre les exploités et les opposants. Ils s’appuyaient sur une milice, les sanguinaires Tontons macoutes, qui avaient droit de vie ou de mort sur la population. Ils préservaient ainsi leur régime des révoltes. Après la chute de la dictature Duvalier, généraux, lanceur de coup d’État, affairiste, et même un curé, Aristide, ont été essayés au pouvoir. Le sort de la population s’est toujours aggravé. Se sont succédé également les groupes de malfrats : Zenglendos, Escadrons de la mort, Attachés… Aristide, le seul dirigeant véritablement élu par la population, ne pouvait pas satisfaire les revendications des masses exploitées. Il s’en remit aussi aux gangs armés « les Chimères » pour mieux contrôler la population des quartiers pauvres. Les politiciens suivants s’appuyèrent sur d’autres gangs armés au sein des quartiers pour contrôler les élections et accéder au pouvoir. Le chanteur Martelly, le notable Jovenel Moïse conservaient leur pouvoir grâce aux gangs. Aujourd’hui Guy Philippe qui aspire au pouvoir a déjà sa propre milice de soutien, la BSAP (Brigade de surveillance des aires protégées) armée lourdement. Il n’y a pas de « Révolution pour le peuple » à espérer de Guy Philippe, ni d’aucun autre.
Les gangs se sont émancipés de leurs commanditaires mais il est tout à fait possible qu’un nouveau leader vienne au pouvoir installer une nouvelle dictature à la Duvalier, se servant des groupes malfrats armés.
La révolte des masses exploitées et affamées va inévitablement resurgir en Haïti. Il n’y a pas de sauveur suprême. La preuve est faite depuis longtemps. Ce sauveur n’existe pas en dehors des exploités, les travailleurs eux-mêmes. Si les travailleurs ne comprennent pas cela, ils seront toujours soumis par ceux qui les oppriment : la bourgeoisie et ses supplétifs politiques. Les travailleurs devront mener une lutte, avec une direction politique indépendante. Cela passe par la création de comités ouvriers dans les usines, dans les quartiers pour prendre les décisions, organiser la défense contre les gangs, avec des représentants révocables à n’importe quel moment s’ils ne répondent pas aux revendications ! Les masses révoltées sauront elles-mêmes trouver les armes pour se défendre quand elles le décideront. Elles savent le faire.
Les travailleurs d’Haïti n’auront d’autre choix pour se débarrasser de la terreur des gangs, de l’exploitation féroce et de la misère que de mener leur propre révolution et décider pour eux-mêmes. Mais pour y arriver et vaincre, il leur faudra leur propre parti politique révolutionnaire totalement indépendant de politiciens de la bourgeoisie.
Car le problème n’est pas de se débarrasser des gangs quels qu’ils soient, ou des « méchants » mais de déposséder la bourgeoisie possédante des biens qu’elle a volés aux travailleurs d’Haïti avec l’aide de l’impérialisme.