Le 30 novembre, Guy Philippe est revenu en Haïti. Il a entamé une tournée pour rallier des partisans et postule pour être dirigeant du pays.
C’est par l’armée américaine que ce militaire de 55 ans a été formé au début des années 1990. Puis, chef de la police au Cap Haïtien, en 2000 il est soupçonné d’avoir préparé un coup d’État contre le président René Préval et il est renvoyé de son poste en octobre.
Il se réfugie à Saint-Domingue d’où il revient en février 2004, accompagné du chef des duvaliéristes. À la tête de « l’armée rebelle » il participe au renversement de Jean-Bertrand Aristide, mettant fin à son deuxième mandat.
Candidat aux élections présidentielles en 2005 avec le Front pour la reconstruction nationale proche des duvaliéristes, il recueille 1 % des voix. Il poursuit sa lancée politicienne et lors des élections de novembre 2016 il est élu sénateur dans le département de la Grande Anse dont il est originaire.
Poursuivi pour trafic d’armes, de drogue, blanchiment d’argent lié au trafic de drogue, il est arrêté en janvier 2017 et transféré aux USA. Il plaide coupable à son procès et est condamné à 9 ans d’incarcération. Après 7 ans il est libéré et il revient en Haïti en annonçant son ambition d’être le futur président.
Voilà celui qui se pose en sauveur qui libérera la population de l’emprise des gangs armés. Il est lui-même à la tête d’un groupe armé et a des affinités avec certains chefs de gang. Il a fait une propagande ronflante à la fin de l’année 2023, prenant des postures de messie, demandant au peuple de « lui donner le droit de le débarrasser des gangs armés en 90 jours ».
Il a appelé à la mobilisation et à bloquer le pays pour renverser Ariel Henry. Ces annonces n’ont pas été suivies d’effet. Même bercée d’illusions, la population pauvre se méfie.
Guy Philippe est un de ces militaires dressés à maîtriser les pauvres, à tabasser les travailleurs. Même s’il met aujourd’hui sa casquette de politicien avec ses belles promesses, il est au service des classes possédantes.
Ce type de politiciens n’est pas nouveau. Il y en a eu à chaque tournant dans l’histoire récente d’Haïti après la chute du dictateur Duvalier. Ce n’est pas sur eux que les pauvres peuvent compter pour renverser la domination de possédants, mais sur leur force organisée en un parti des travailleurs.