Lénine est depuis des années classé par la presse bourgeoise comme l’un des pires dictateurs de l’humanité. Or il a été l’un des plus éminents précurseurs de son émancipation.
Il a été un militant, un révolutionnaire, un chef d’État révolutionnaire dont le but principal était l’émancipation de la classe ouvrière, l’émancipation des classes populaires de la domination de la classe dirigeante, la classe capitaliste. Et pas seulement en Russie mais dans le monde entier.
Lénine est né le 22 avril 1870 en Russie sous le nom de Vladimir Ilitch Oulianov. Il est mort le 21 janvier 1924. À la fin du XIXème siècle, la Russie a connu des attentats populistes contre le Tsar. De jeunes intellectuels estimaient que la voie à suivre pour libérer la population russe de la dictature et de la misère devait passer par là. Le frère de Lénine fut pendu pour avoir participé à ces activités terroristes.
Les idées marxistes étaient encore peu connues en Russie. Seul Plekhanov tentait de les introduire par des livres et des brochures. Lénine s’y intéressa et commença leur étude approfondie. Gagné aux idées marxistes il devint un militant communiste révolutionnaire et fut convaincu que c’est l’ensemble de la société capitaliste mondiale qu’il fallait renverser et non simplement le pouvoir du Tsar en Russie. Étudiant en droit, il commença à diffuser ses idées au sein de l’université dont il fut exclu. Il commença aussi avec un groupe de camarades à rédiger et distribuer des tracts en direction des ouvriers des entreprises.
Création du parti bolchevik
Repéré par les autorités russes, il est déporté en Sibérie. En 1898, avec ses premiers camarades il devient membre du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) (Parti ouvrier social démocrate de Russie). Certains parviennent à quitter la Russie clandestinement pour gagner Londres. Depuis L’Angleterre, son premier objectif est la création d’un journal militant pour les travailleurs de Russie. En 1901 il lance la création de l’Iskra, « L’étincelle ».
Pour faire parvenir clandestinement ce journal depuis Londres jusqu’en Russie, il fallait une véritable organisation clandestine traversant plusieurs pays et gagner des adeptes sinon des militants. C’est donc aussi en même temps la création d’un parti clandestin organisé et discipliné qui se dessine. Le journal parvient dans plusieurs entreprises de Russie, par la mer Noire ou la mer du Nord. Beaucoup de travailleurs le lisent avec avidité et le font circuler.
Lénine se convainc qu’il faut un parti de militants professionnels pour gagner et organiser le plus possible de travailleurs militants au sein des entreprises. Ces derniers, lorsque la classe ouvrière se lèverait en masse contre l’oppression, devraient alors être capables de diriger la classe ouvrière vers la prise du pouvoir.
En 1903, lors du deuxième congrès du POSDR, Lénine défend l’idée d’un tel parti, prônant la sélection et la formation des militants avant d’y gagner le statut de membre, prônant une discipline de fer et le centralisme démocratique. Selon lui, ce n’est que de cette façon que l’on pourra vaincre le tsarisme et la bourgeoisie lorsque les masses entreront en révolution. Ces idées sont combattues par bon nombre de militants, y compris alors même Trotsky, qui reconnaitra son erreur des années plus tard.
C’est Lénine qui remporte une faible majorité qui fut nommée « bolchévik », ce qui signifie majoritaire en Russe. La minorité sera nommée « menchévik ».
La révolution de 1905 : la répétition générale
En 1905 la première révolution prolétarienne russe éclate. Elle commence le 9 janvier 1905 après la tragédie du Dimanche rouge, où l’armée de l’Empire russe assassine des centaines de travailleurs.
Pour la première fois dans l’histoire du mouvement ouvrier apparaissent dans les usines des organes de pouvoir indépendants créés par les travailleurs eux-mêmes : les « soviets » ce qui signifie « conseils ouvriers ». À travers les soviets, les travailleurs font eux-mêmes leur propre révolution, se donnent leurs propres dirigeants.
Les conditions n’étaient pas réunies pour le succès. Notamment la paysannerie dans son ensemble n’était pas encore prête à contester ouvertement le pouvoir tsariste et les gros propriétaires de la noblesse.
Des grèves insurrectionnelles eurent lieu, des combats de rue face aux soldats et à la police du tsar. Mais la révolution de 1905 n’a pas abouti à la prise du pouvoir des travailleurs.
De nombreux militants furent tués, emprisonnés, déportés en Sibérie, démoralisés. Lénine poursuivit son activité militante durant les années qui suivirent.
La première guerre mondiale
En août 1914, les députés socialistes allemands puis français votèrent les crédits de guerre à leur bourgeoisie. La voie était ouverte pour la première guerre mondiale, l’immense boucherie sanglante qui s’étendit dans le monde entier jusqu’au 11 novembre 1918.
En 1917, en pleine guerre mondiale, Lénine publia L’impérialisme stade suprême du capitalisme. Il y dénonça les rouages du capitalisme, la propriété privée des moyens de production, la recherche à tout prix de profits, menant ainsi l’humanité aux crises économiques et à la guerre.
Lénine et les bolchéviks appelèrent d’abord à transformer la guerre impérialiste en guerre civile. Lénine rappela que la seule issue possible à la guerre est le renversement du capitalisme par la révolution ouvrière mondiale. Les travailleurs font tout fonctionner dans la société. Ce n’est que lorsqu’ils auront pris le pouvoir que l’humanité empruntera une voie qui la débarrassera des horreurs du capitalisme.
La révolution ouvrière de 1917
En février 1917, une nouvelle révolution éclate en Russie. Des manifestations de femmes le 8 mars, des grèves massives d’ouvriers bloquent le pays. Nicolas II ne peut plus compter vraiment sur son armée. Beaucoup de soldats pactisent avec les travailleurs et passent de leur côté avec leurs armes. L’empereur Nicolas II se voit contraint d’abdiquer. La révolution de février 1917 est victorieuse. Mais ceux qui le remplacent sont des ministres bourgeois qui ne tiennent aucun compte des revendications des masses en lutte.
Au sein des soviets toutes les tendances du mouvement révolutionnaire, des bourgeois libéraux aux bolchéviks, sont représentées. La révolution de février 1917 n’a pas encore abouti à la prise du pouvoir des travailleurs. Les soviets sont certes des organes de pouvoir ouvrier mais qui n’ont pas encore le contrôle du pouvoir. Les bolchéviks lancent les trois mots d’ordre pour lesquels les travailleurs et les masses leur font confiance : la terre, le pain, la paix.
En avril 1917, Lénine lance le mot d’ordre « tout le pouvoir aux soviets ! » au sein du parti bolchevik, propageant la nécessité que les travailleurs, qui composent les soviets, doivent prendre le pouvoir. Ce mot d’ordre, lancé à ce moment précis, montre la montée en puissance des ouvriers mais aussi des paysans.
Mais ce n’est que cinq à six mois plus tard que le parti bolchévik estime qu’il est en capacité de prendre le pouvoir. Les bolchéviks y ont enfin la majorité. Partout dans tous les soviets d’usine, de paysans les masses veulent l’insurrection armée.
Il a fallu que Lénine se batte pendant plusieurs jours à l’intérieur de son propre parti, soutenu seulement par Léon Trotsky alors membre du comité central et du bureau politique du parti bolchévik, pour que l’insurrection soit enfin votée par la direction du parti.
À partir de ce moment-là, le processus vers la prise du pouvoir révolutionnaire est actionné et préparé minutieusement par le « comité militaire révolutionnaire » dirigé par Léon Trotsky. C’est ce dernier qui organise l’insurrection avec ses lieutenants, sous la direction politique de Lénine, du début à la fin jusqu’à la prise du palais d’Hiver le 25 octobre (7 novembre selon le calendrier grégorien). C’est là qu’est réuni le gouvernement bourgeois qui ne sert plus à rien et n’a plus aucun pouvoir.
D’autres mots d’ordre du parti bolchevique étaient des consignes depuis plusieurs mois telles que « la paix, le pain et la terre ! ». Les mots d’ordre de l’État ouvrier furent de déposséder les grands propriétaires terriens afin de redistribuer la terre aux paysans, mais aussi la paix car les soldats du front et les masses ne voulaient plus de cette guerre impérialiste.
Puis, en ce qui concerne la paix, Lénine obtint le retrait de la Russie de la guerre mondiale. Mais il dut se plier aux conditions de l’impérialisme allemand. Il signa le traité de Brest-Litovsk dans lequel les pays impérialistes s’engageaient à ne pas attaquer la Russie. En contrepartie la Russie devait renoncer aux plaines de blé d’Ukraine, annexée à l’empire russe.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les ouvriers prenaient le pouvoir et composaient un gouvernement révolutionnaire ouvrier et paysan qui dura six ans. Nous verrons dans le prochain numéro la montée et la victoire de la contre révolution stalinienne.