La question des droits des nations à disposer d’elles-mêmes s’est posée aux révolutionnaires socialistes dès la fin du XIXe siècle. Durant cette période les mouvements nationalistes se sont multipliés en Europe et sur d’autres continents.
L’empire russe : un régime autocratique qui opprime les peuples
En 1914, l’Empire russe, sous le dernier tsar de Russie Nicolas II, s’étend sur un vaste territoire de 22 millions de kilomètres carrés presque un tiers des terres émergées du globe et plus de 130 millions d’habitants. Cet empire s’est construit à partir du XVIe siècle. La Russie a conquis des pays à l’Ouest (la Pologne, la Finlande, les Pays Baltes, la Biélorussie et l’Ukraine), au sud en dominant les peuples du Caucase et de Crimée et à l’Est les peuples musulmans d’Asie centrale. Sous l’empire russe, les différents peuples avaient des cultures différentes, ne parlaient pas la même langue, n’avaient pas la même religion. Ils étaient opprimés, ils étaient aussi persécutés par le pouvoir tsariste. Si bien que Lénine utilisait l’expression de « prison des peuples » pour qualifier l’empire russe. Les populations subissaient des discriminations et le mépris. Les différents régimes tsaristes ont imposé la langue russe et la religion orthodoxe à ces peuples. Tous ceux qui s’opposaient au tsar se retrouvaient enfermés dans les bagnes, où ils subissaient des punitions corporelles, travaux forcés. Les opposants pouvaient aussi être déportés à vie. Il y a eu de nombreux soulèvements de ces peuples contre l’empire russe. Les soulèvements polonais en 1830 et en 1863. En Ukraine les nationalistes ont été sévèrement réprimés en 1859.
La question nationale et la révolution prolétarienne
C’est dans ce contexte de montée des mouvements nationalistes que Lénine a écrit sur la question nationale. Dès 1914, il défend la position du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en particulier celui de l’Ukraine. Dans un texte paru en 1916, il souligne dans « La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes » que ce droit « signifie exclusivement le droit d’une nation à l’indépendance politique, à la libre séparation politique avec la nation qui les opprime ». En 1917, la première guerre mondiale a affecté l’empire du tsar. Subissant les conséquences désastreuses de cette guerre meurtrière, les travailleurs réclamaient du pain, les paysans la terre et les soldats et la population la fin de la guerre. Mais le gouvernement bourgeois s’est montré incapable de prendre des mesures pour satisfaire la demande des masses. Ces dernières se sont organisées pour faire aboutir leurs revendications. Ils ont formé leurs soviets (conseils ouvriers). La révolution d’octobre 1917 dirigée par Lénine, Trotsky et le parti bolchevik (le parti des travailleurs révolutionnaires) renversa la bourgeoisie. La classe ouvrière prit le pouvoir. Pour les bolcheviks, la Révolution russe n’était que la première étape vers la révolution prolétarienne mondiale. Les bolcheviks ont concentré leur énergie à étendre le pouvoir prolétarien partout, sur tout le territoire de l’ancien empire des tsars et partout dans le monde.
Mais toutes les puissances impérialistes du monde comme l’Angleterre, la France, les États-Unis, le Japon ont décidé de faire la guerre aux soviets. Ces armées dite « blanches » allaient être sans pitié face à l’Armée rouge, celle des communistes révolutionnaires. Ainsi des États ennemis durant la première guerre mondiale se sont alliés aux armées contre-révolutionnaires pour empêcher le pouvoir soviétique d’aller jusqu’au bout.
Victoire des révolutionnaires russes et fondation de l’URSS
La guerre civile débutée en 1918 se termine fin 1922. Durant cette guerre les puissances impérialistes pensaient avoir le soutien des peuples opprimés de l’ancien empire tsariste mais le pouvoir des soviets combattait toutes les oppressions et offrait aux peuples le droit à disposer d’eux-mêmes, jusqu’à la séparation. Ce droit a été complété d’une proposition de libre association sur une base d’égalité complète. Dans un premier temps la liberté fut accordée à ces peuples mais ce sont les nationalistes, les couches privilégiées du pays qui en profitèrent. Les révolutionnaires russes cherchèrent à contrecarrer ces courants nationalistes car ce sont les adversaires de la classe ouvrière et paysanne. Lénine disait qu’« En Russie luttent et doivent lutter côte à côte le prolétariat des nations opprimées et le prolétariat de la nation qui opprime les autres. La tâche à résoudre est de garder l’unité de classe du prolétariat pour le socialisme et combattre toutes les influences bourgeoises et archiréactionnaires du nationalisme ».
À l’opposé des bourgeoisies nationales, les bolcheviks proposèrent aux masses des anciennes colonies du tsar une autre politique de tous les travailleurs contre leurs exploiteurs au-delà des frontières. La constitution d’une armée révolutionnaire composée d’ouvriers et de paysans a permis au pouvoir bolchevik de gagner la guerre civile. En décembre 1922 cinq ans après la révolution bolchevik, l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) est fondée. Elle comprend quatre républiques : la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine et la Transcaucasie.
La révolution qui a commencé en Russie en octobre 1917 s’est étendue à presque toutes les nations de l’ancien empire russe. L’Union des Républiques Socialistes Soviétiques devait être une étape vers la révolution mondiale. Mais la vague révolutionnaire qui s’est propagée en Europe, notamment en Allemagne, s’est soldée par des défaites de la classe ouvrière.