C’est le cri d’alarme lancé, par le professeur Larifla, vers ses collègues.
Il fait le constat d’un hôpital défaillant dans sa mission de production de soins de qualité et en quantité :
– Plus de service chirurgie vasculaire et thoracique
– Service endocrinologie-diabé-tique réduit au minima.
– Services de Néphrologie et oncologie sous-dimensionné et sous-doté
– Les urgences en difficultés majeures
À cela s’ajoute une désorganisation quasi-totale de l’établissement : pas de règlement intérieur, pourtant obligatoire ; pas de véritable organisation en pôle, ni de véritable pilotage médico-économique ou de gestion de projets.
Rares étaient les patrons hospitaliers qui se sentaient concernés par les difficultés du personnel soignant non-médecin tant que les services tournaient tant bien que mal, au prix de conditions de travail de plus en plus dégradées pour le personnel. Les choses sont peut-être en train de changer, non seulement parce qu’un certain nombre de chefs de service ne supportent pas la manière dont ils sont traités par le gouvernement, mais aussi parce que la politique de celui-ci prévoit des compressions de personnel drastiques, susceptibles de mettre en cause le fonctionnement même de leurs services.
Certains se sont réveillés tard, mais mieux vaut tard que jamais : leur indignation va dans le sens des intérêts des malades, comme de ceux du personnel non-médecin.
Il faut comprendre que cette situation générale des hôpitaux de France (plus accentuée en Guadeloupe) est liée à une offensive des capitalistes pour mettre la main sur l’énorme gâteau du système de santé : les dépenses de santé représentent plus de 300 milliards d’euros par an ! Cela permet de comprendre pourquoi l’un des services les plus lucratifs du CHU de Pointe-à-Pitre : la Dialyse ambulatoire, avec la complicité de l’ARS, a été offert aux cliniques privées ! Qu’a-t-on fait de la T2A (tarification à l’activité) ?
Il faut aussi rajouter que les répercussions de ces dysfonctionnements sont lourdes sur le personnel hospitalier qui vit un véritable calvaire à base de suppressions de postes (licenciements en masse de contrats précaires, mise à la retraite des agents en longue maladie, non remplacement des départs à la retraite). Il en résulte donc un surcroit de travail pour ceux qui restent, allongement de la durée de travail, pression pour travailler en journée de 12 heures au lieu de 8 heures, mobilité forcée, harcèlements et chantages de l’encadrement.
Le nouvel hôpital qui devait être un nouvel espoir et un nouveau départ s’annonce d’ores et déjà comme un fiasco : sous dimensionné, malfaçons, sans projets fiables, avec une « rationalisation » qui veut dire suppressions de postes d’infirmiers, d’aides-soignants, et dans toutes les fonctions dites de support : secrétariat, laboratoires, radiologie, services d’informatique, services administratifs, fourniture des repas…
Conditions de travail et salaires indignes pour le personnel, accès au soin qui se dégrade pour les patients : tel est le résultat de la gestion capitaliste de la santé.