Fin août, Jimmy Chérisier dit Barbecue disait libérer les quartiers occupés par les gangs depuis plus d’un an. Il invitait la population à regagner leurs maisons.
Après une année passée dans des camps de toile, dans les cours d’école ou dans des baraques ou des abris de fortune, les déplacés aspiraient à revoir les maisons qu’ils avaient dû fuir. Pendant quelques jours les quartiers dits libérés ont été animés par des habitants à la recherche de quelques signes de leur ancienne présence. Leurs recherches ont été vaines, ils ont trouvé un quartier ravagé, un champ de ruines dans une zone de guerre. Les maisons sont éventrées, la plupart incendiées, leurs murs éclatés jusqu’à la base et les toits en tôle ont disparu.
Les rues sont jonchées de carcasses de voitures, de tas d’immondices, de gravats et de barricades montées par les bandits. Les rues sont dévastées comme après l’explosion de bombes.
Les gangs se sont repliés sur d’autres quartiers où ils ont des bases solides, les différents chefs de gangs se sont réunis dans le palais de l’un d’entre eux pour des tractations. Ils s’exhibent et festoient dans la somptueuse piscine d’un de leurs palais. Dans une commune proche de la capitale, un de ces criminels se filme dans une chambre remplie de billets. Les gangs n’arrêtent pas leurs attaques, les kidnappings continuent, les rackets, les péages sont toujours présents.
Les gangs se sont retirés des quartiers dits « libérés » emportant leurs armes, ils n’ont pas été défaits. Ils peuvent décider de revenir au moment où ils le souhaitent. Les retours de population tentés au début de l’année ont été un échec. Les gangs ont attaqué, faisant de nouvelles victimes.
Dans les quartiers qu’ils ont rasés, vidés des habitants, les gangsters sont plus exposés, plus visibles, La population revenue leur servira d’écran face à une possible attaque de la police. Ils n’ont jamais fait de cadeau à la population.
Les habitants ne peuvent faire confiance aux belles paroles des gangsters, qui les ont déjà bernés et massacrés. Ils ne peuvent pas non plus compter sur les forces d’intervention annoncées par le gouvernement. Les révoltes des masses populaires pourront faire reculer les assassins de « Viv ansanm » en leur imposant des défaites, en leur reprenant tout ce qu’ils ont volé. C’est à ce changement de rapport de force que les luttes des masses exploitées ont à s’atteler.