Depuis le 2 mars 2021, des centaines d’agents des communes et collectivités territoriales sont en grève à l’appel de l’UTC-UGTG. De nombreuses communes sont bloquées.
Le 16 avril, environ 300 agents communaux ont manifesté à la mairie du Moule pour s’opposer aux menaces de la maire Gabrielle Louis Carabin. Une vraie démonstration de force pour les grévistes !
Les grévistes réclament la régularisation des carrières des agents. Pendant des années, les employeurs publics n’ont pas respecté les règles en matière d’évolution de carrière. Après 20, 30 ou 40 ans de service, certains agents en sont au même point. Et au moment du départ à la retraite, le verdict est sans appel : des pensions de misère.
Un exemple : une femme de 66 ans s’apprête à partir à la retraite. Elle est entrée à la mairie en tant que contractuelle en 1995 et n’a été titularisée que neuf ans plus tard en 2004. Elle touchera 800 € de pension de retraite !
Une autre, enchaîne les CDD dans les écoles maternelles depuis 2004 alors que des postes sont vacants. Mais les maires préfèrent ne pas titulariser les contractuels qu’ils peuvent reprendre ou jeter au gré de leurs intérêts électoraux.
Les grévistes ont tout à fait raison d’exiger la titularisation de tous les contractuels !
La grève, l’arme des travailleurs
Avant 1953, seuls les fonctionnaires « métros » venus de l’Hexagone avaient droit à la « prime de chaleur », aujourd’hui prime de vie chère. Il a fallu trois mois de grève en 1953 pour que tous les fonctionnaires l’obtiennent. C’est aussi grâce à des luttes que des vagues d’agents contractuels ont été titularisés.
Tous les agents ont les mêmes intérêts
Les négociations entre les représentants des grévistes et l’association des maires de Guadeloupe n’ont rien donné pour le moment. L’association des maires de la Guadeloupe a décidé de ne pas négocier au nom de l’ensemble des maires. Elle appelle chaque maire à négocier de son côté avec les agents de sa commune.
Mais tous les agents ont les mêmes intérêts qu’ils travaillent dans telle ou telle collectivité. En se mobilisant dans toute la Guadeloupe, les agents en font la preuve. Ceux qui dans la population se plaignent de la grève devraient s’en prendre plus à l’association des maires, son président Jocelyn Sapotille, aux politiciens locaux qu’aux grévistes.
Certains maires jouent les patrons de choc
Face à la grève, certains maires ont pris des postures de patrons de choc en attaquant les grévistes. Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre, avait appelé la population et les agents non-grévistes à se mobiliser le lundi 12 avril pour ouvrir la mairie. Au final, les agents grévistes se sont rassemblés devant la mairie qui est finalement restée fermée. Durimel et ses gens ont perdu la partie. La détermination des grévistes a vaincu.
Les grévistes, une minorité ? Comme le dit Sapotille. Alors, comment se fait-il que cette minorité parvienne à contrer le coup de force de Durimel ? Parvienne à bloquer les mairies depuis bientôt deux mois ?
Un déficit organisé !
Certains maires disent que leur budget ne le leur permet pas de donner satisfaction aux grévistes. Mais d’où viennent les difficultés des communes ?
De 2014 à 2017, l’État a diminué d’un tiers les dotations aux collectivités pour leur fonctionnement, soit 12 milliards d’euros. Et depuis 2018, ces dotations stagnent. Cela a contribué à aggraver les difficultés financières de certaines collectivités. Mais pendant que l’État réduit les moyens dans les services publics, il offre des milliards d’euros au gros patronat : 100 milliards supplémentaires sous couvert de « plan de relance » post Covid.
Les maires qui se taisent sont complices !
Au lieu de profiter de la grève pour faire pression sur l’État et exiger plus de moyens, certains maires attaquent les grévistes. Ceux parmi les maires et élus locaux qui acceptent sans broncher ces baisses de dotations imposées par l’État, sont complices des restrictions gouvernementales.
Aujourd’hui où la crise du capitalisme s’approfondit et où l’État et le patronat cherchent à faire payer les travailleurs, des comités de travailleurs et des comités populaires doivent exiger le contrôle de l’argent public ! Cet argent public doit servir à donner satisfaction aux travailleurs et à améliorer les services utiles à la population !
18 avril 2021