En Martinique, les 14 et le 16 février 1974, Renord Ilmany, ouvrier agricole gréviste de 55 ans était assassiné par les gendarmes au lieu-dit Chalvet sur la commune de Basse-Pointe. Une embuscade avait été tendue contre les grévistes regroupés sur l’habitation Fonds Brulé au Lorrain.
Une dizaine de camions de gendarmes poursuivaient les grévistes qui regagnaient en groupe la commune de Basse-Pointe. Un hélicoptère crachait sur eux des grenades lacrymogènes. C’est à ce moment que les ouvriers, accompagnés de jeunes militants, ont été pris en chasse par les gendarmes qui ont tiré. Plusieurs ont été blessés, Omer Cyrille, Guy Crétinoir, Rasroc, François Rosaz. Renord Ilmany est tué. Dans cette tuerie, un autre ouvrier trouvera la mort. Un jeune ouvrier maçon, gréviste, Georges Marie-Louise, sera retrouvé deux jours plus tard, gisant mort à l’embouchure de la rivière Capot également dans la commune du Lorrain, probablement après avoir été frappé à mort par les membres des forces de répression, gendarmes ou autres. La soldatesque s’était une fois encore déchaînée contre des travailleurs en grève pour défendre leur pain et leurs droits. Les travailleurs s’étaient courageusement défendus. Un gendarme a eu la main tranchée.
Les ouvriers agricoles étaient en grève depuis le 17 janvier 1974, pour des augmentations de salaire. Ils réclamaient notamment la suppression du SMAG qui était le salaire minimum garanti dans l’agriculture, plus bas que le SMIG (ancêtre du SMIC) et réclamaient un salaire de 35.46 F pour huit heures de travail sur certaines plantations. Le 21 février 1974, un accord fut signé dans la banane. Les patrons bananiers acceptaient de payer la journée de travail de huit heures à 39.50 F. « Février 74 » en Martinique remplaçait « mai 67 » en Guadeloupe dans l’ordre des dernières tueries coloniales aux Antilles. Elle fut la dernière en date d’une longue série de massacres d’ouvriers en grève aux Antilles françaises tout au long du vingtième siècle.