Le 18 mars 1871, les ouvriers de Paris renversaient l’État bourgeois et proclamaient la république : c’est la Commune de Paris. Un nouvel ordre social fut mis en place, celui de la démocratie prolétarienne. De nombreux ouvriers venus d’autres pays participèrent à cette révolution.
La commune de Paris fut érigée dans un contexte de guerre entre l’Empire de Napoléon III et la Prusse (ancienne Allemagne). En septembre 1870, l’empire français perd cette guerre. La population de Paris craignait alors que l’armée allemande envahisse le pays. En réaction, le peuple de Paris prit les armes contre cette menace d’occupation allemande. Des bataillons furent érigés par arrondissement.
Le 18 mars 1871, les ouvriers se soulevèrent. Ils proclamèrent la Commune, en référence à celle mise en place par la Révolution française quatre-vingts ans auparavant. Effrayés, les bourgeois et leurs dirigeants politiques se réfugièrent à Versailles avec quelques dizaines de milliers d’officiers et de soldats.
Ce premier pouvoir ouvrier, issu de la première révolution ouvrière a duré 72 jours.
L’association internationale des travailleurs
L’Association internationale des travailleurs (AIT), qu’on appela ensuite Première Internationale, fut fondée en septembre 1864 à Londres. L’Internationale affirmait la nécessitait de l’union des travailleurs de tous les pays. Karl Marx rédigea ses statuts et son Adresse inaugurale à la demande des militants qui en avaient pris l’initiative.
Avant la révolution de la commune de Paris, l’AIT avait des sections en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et ailleurs. Les premières sections parisiennes de l’AIT furent fondées début 1865.
Près de 200 travailleurs adhérèrent aux sections parisiennes de l’Internationale. Leur nombre ne cessa d’augmenter, jusqu’à dépasser un millier de cotisants et bien plus de sympathisants. Les sections se fédérèrent : elles avaient de multiples liens et ramifications parmi les ouvriers, notamment à travers les chambres syndicales. L’Internationale soutenait les grèves et animait des coopératives, où les travailleurs se liaient en discutant des idées socialistes. Ses militants visaient en définitive l’organisation politique du prolétariat.
« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
De nombreux militants et ouvriers étrangers s’armèrent au côté d’ouvriers parisiens. Parmi eux, Léo Frankel, ouvrier bijoutier hongrois, membre de l’Internationale, est installé depuis 1867 à Paris. Il est élu à la Commune par le 13e arrondissement et nommé à la tête de la commission du Travail et de l’Échange où il joue un rôle des plus importants. La Commune déclare à cette occasion au Journal officiel que son drapeau est celui de la République universelle et que les étrangers qui la servent deviennent implicitement ses citoyens. C’est le drapeau rouge.
Elle n’hésitera pas non plus à nommer commandant militaire en chef de la place de Paris un polonais, Jaroslaw Dombrowski, officier de carrière, exilé suite à l’insurrection de Varsovie de 1863, qui se porte volontaire et s’illustre dès les premières attaques des versaillais.
Ils sont loin d’être les seuls. Parmi les communards arrêtés à l’issue de la Semaine sanglante, on compte 1 725 étrangers, dont beaucoup de Belges et d’Italiens.
Des allemands constituaient également une importante fraction des ouvriers révolutionnaires. L’ennemi des travailleurs était l’Empire allemand et sa bourgeoisie. Les communards français, italiens, belges, allemands, polonais, hongrois et autres se considéraient comme des frères de classe, la classe ouvrière.
Le chant révolutionnaire « L’Internationale »
Du 21 au 26 mai 1871, l’armée bourgeoise venue de Versailles réprima la Commune. Au cours de cette semaine, les officiers de la bourgeoisie fusillèrent, sabrèrent plus de 30 000 personnes. Cette véritable boucherie est connue sous le nom de la « Semaine sanglante ».
Une vingtaine d’années après l’écrasement de la Commune, l’ensemble du mouvement ouvrier socialiste adopta peu à peu comme chant de lutte L’Internationale, écrite durant sa répression par Eugène Pottier et mise en musique en 1888 par Pierre Degeyter.