Ce mois-ci le coût de la vie, en Martinique et en Guadeloupe, a reçu un nouveau choc avec la flambée du prix des produits pétroliers. Au 1er avril le prix du litre de sans-plomb y a augmenté à 1,62 €. Soit 0,13 € de plus qu’en mars. La bouteille de gaz a augmenté de 1,28 €, elle atteint 27,34 € en Martinique et 23,52 € en Guadeloupe ! Également, le prix de la farine a augmenté, d’où 10 à 20 centimes de plus sur le prix de la baguette.
À cela s’ajoute le dernier scandale de l’eau. La population antillaise paye l’eau courante la plus chère de France, la Guadeloupe en première place et juste après, la Martinique. C’est une véritable insulte à la population quand on sait qu’il n’y a pas d’eau au robinet pour toute une partie de la population. L’absence d’eau et sa piètre qualité obligent en plus les habitants à dépenser des fortunes en eau en bouteille.
En plus du coût de la vie plus cher les travailleurs subissent une baisse générale des salaires. Nombreux sont ceux en chômage partiel, c’est-à-dire payés à 84 % de leur salaire. En Martinique une entreprise sur cinq y a encore recours, chez Air Caraïbes/French Bee, 70 % du personnel est en chômage partiel. Un nouveau coup dur attend ces travailleurs : le 1er mai, le chômage partiel baissera à 72 %. Alors que les patrons sont indemnisés à 100%.
Les licenciements pleuvent. Entre octobre et décembre 2020, il y a eu 400 licenciements économiques supplémentaires officiels sur les deux îles. Les contrats intérimaires ou en CDD non-renouvelés (260 à Air Caraïbes en Guadeloupe), ainsi que les ruptures conventionnelles se comptent par centaines. Les employés de But à la Jaille sont en grève depuis plusieurs semaines pour protester contre les 25 licenciements liés à la fermeture du magasin. Le nombre de demandeurs pour le RSA ne cesse d’augmenter.
En même temps les riches sont de plus en plus riches. Pendant que des centaines de milliers de personnes perdent leur emploi dans l’ensemble des territoires français, les milliardaires du CAC 40 doublent presque leur fortune. Le patron du groupe de luxe français LVMH, Bernard Arnault, a vu sa fortune exploser de + 50 % en un an, elle dépasse les 160 milliards de dollars.
D’autres capitalistes, face à la moindre perte d’euros, usent de stratagèmes pour récupérer bien plus que ce qu’ils ont perdu. La hausse globale des produits pétroliers n’explique pas la forte augmentation du prix à la pompe que nous connaissons aux Antilles. La SARA (Société anonyme de la raffinerie des Antilles) dit clairement qu’elle rattrape la baisse des ventes pendant le confinement : elle fait maintenant payer la population. Pendant que les compagnies pétrolières font leurs milliards de bénéfices, la population trinque.
Des sociétés comme Amazon, qui appartient à Jeff Bezos l’homme le plus riche du monde, montrent des résultats exceptionnels. Les travailleurs d’Amazon de plusieurs pays, dont la France, ont d’ailleurs fait grève pour montrer leur colère face aux salaires qui n’augmentent pas et aux conditions de travail exécrables malgré les profits.
Alors que tous les sacrifices reposent sur les travailleurs, il n’y a pas encore de lutte collective pour y faire face. Mais à force de contraindre la population à se plier pour assurer les profits d’une minorité de riches, la colère finira forcément par éclater. Une petite minorité se bat déjà. Les travailleurs qui se lèveront en masse seront la force qui pourra s’imposer face au grand patronat pour répartir le travail entre tous. Et pour imposer l’échelle mobile des salaires : la moindre hausse des prix doit être immédiatement compensée par une augmentation des salaires.