Le 22 mai 1848, les esclaves de Martinique ont imposé par leur insurrection l’abolition de l’esclavage, au représentant du colonialisme français le gouverneur Rostolan, gardien des colons capitalistes békés. Pour commémorer cette abolition, de nombreuses manifestations se sont déroulées à plusieurs endroits de l’île.
Il y a 173 ans, nos arrière-arrière grands parents mis en esclavage, ont envahi une grande partie du nord de la Martinique, notamment les villes de St Pierre et du Prêcheur, brûlant sur leur passage de nombreuses habitations, et notamment des maisons appartenant à des békés racistes et méprisants voulant s’opposer à eux par les armes. Ces anciens maîtres ne pouvaient concevoir que des nègres leur contestent leur domination et leur pouvoir. Mais ils l’ont payé cher, de leur vie pour certains, parce que les esclaves se sont montrés à leur tour sans pitié.
Les esclaves ont arraché leur liberté eux-mêmes par leurs luttes. Les nombreuses manifestations organisées dans divers endroits de Martinique l’ont rappelé.
Il y a eu le 21ème konvwa ba reparasyon, organisé par le MIR (Mouvement International pour les réparations), du 10 au 22 mai. Ou encore, la manifestation culturelle au parc floral à Fort-de-France, organisée le 21 mai par la mairie de la ville. Des manifestations ont eu lieu dans la plupart des communes.
Le 22 mai également, un rassemblement d’environ 200 personnes, arborant pour certains des drapeaux rouge, vert, noir a été organisé à l’entrée de l’habitation Clément, possession du capitaliste béké Bernard Hayot sur la commune du François. Il a été suivi d’une retraite aux flambeaux. Un groupe de militants, sympathisants RVN pour la plupart, se sont donné rendez-vous aux abords du quartier Cap-Est au François, surnommé « békéland » car connu comme lieu de résidence dorée de nombreux possédants békés.
Pour notre part à Combat ouvrier, nous avons tenu à exprimer notre solidarité avec ces manifestations et ces militants par une déclaration intitulée : Un 22 mai contre l’esclavage moderne aussi ! Vive les manifestations contre les maîtres d’aujourd’hui ! signée de notre camarade Gabriel Jean-Marie.
Extraits :
« … À Combat ouvrier, nous apportons notre soutien à ces manifestants et à ces militants car c’est bien aujourd’hui, la meilleure manière de commémorer le 22 mai et la lutte des esclaves de 1848. Car c’est de fait, une protestation contre l’esclavage moderne, celui que perpétue la classe capitaliste blanche, béké, noire, mulâtre, asiatique, contre les travailleurs en Martinique et dans le monde.
Cela dit, les luttes qui aboutiront au renversement du capitalisme et débarrasseront la société de l’exploitation, sont les luttes des travailleurs dans les entreprises contre ceux qui les exploitent. C’est par la grève générale et l’insurrection des masses que ce sera possible. Une insurrection comme le 22 mai 1848 mais dirigée par les esclaves modernes, les travailleurs d’aujourd’hui, jusqu’à la révolution sociale. »
Lors de la manifestation au Cap-Est, certains ont alors mis le feu à quelques poubelles pour montrer leur colère. Des invectives ou menaces de certains ont aussi eu lieu à l’encontre de journalistes, nous n’en connaissons pas la raison.