Le 31 mai et le 1er juin 1921, il y a donc un peu plus de 100 ans, des centaines de Noirs ont été massacrés par des racistes blancs dans la ville de Tulsa située dans l’État d’Oklahoma.
Un cireur de chaussures noir de 19 ans, Dick Rowland, a été faussement accusé d’avoir agressé une jeune Blanche. Arrêté, il fut détenu au Palais de justice de la ville. Une foule d’un millier de Blancs se massèrent devant l’édifice, dans le but évident de le lyncher. La ville comptait alors plus de 3 000 membres du Ku Klux Klan.
Un groupe d’environ 75 Noirs, certains armés, se sont organisés pour le défendre. Une fusillade éclata. Le lendemain, le shérif qui avait procédé à l’arrestation de Dick Rowland, accrédita une troupe d’une centaine de Blancs racistes armés chargés de faire régner la terreur dans le quartier noir de Tulsa. Ils furent rejoints par une foule d’un millier de Blancs armés qui pillèrent et incendièrent les maisons et commerces du quartier de Greenwood, surnommé Black Tulsa ou Wall street noir, durant deux jours.
Le nombre de victimes reste imprécis. Selon une commission qui a enquêté en 2001, il y eut entre 75 et 300 morts et 800 blessés parmi la population noire. Le gouverneur de l’État fit appel à la garde nationale et quelque 6 000 Noirs furent arrêtés et incarcérés durant plusieurs jours, alors qu’aucun Blanc ne fut poursuivi.
Selon un témoignage, un homme noir fut obligé de se mettre à genoux et fut décapité par la foule des lyncheurs. Des avions privés habituellement employés pour l’épandage agricole, furent utilisés pour larguer des bombes incendiaires sur le quartier qui fut en grande partie brûlé. Des 11 000 Noirs vivant alors à Tulsa, 8 000 se sont retrouvés sans foyer. Les habitants étaient mitraillés dans la rue. Récemment, une femme noire de 107 ans a pu témoigner de l’horreur qui s’est abattue sur la population. « J’entends les cris et revis le massacre chaque jour » dit-elle.
Durant près d’un siècle, le massacre a été quasiment passé sous silence. Encore aujourd’hui, le gouverneur de l’État tente d’empêcher qu’il soit évoqué dans l’enseignement scolaire. Le mouvement Black Lives Matter a permis qu’il soit tiré de l’ombre.