Le massacre de Tulsa en 1921 n’est qu’un cas dans une longue liste de massacres racistes perpétrés contre les Noirs aux États-Unis.
Pendant presque la moitié du siècle qui a suivi la guerre civile, priver les Noirs de leur droit de vote était un motif fréquent pour organiser des attaques racistes, comme à Colfax, en Louisiane en 1873, à Wilmington, en Caroline du Nord en 1893 et à Ocoee, en Floride en 1920. Des dizaines de Noirs ont été tués lors de chacun de ces massacres.
En 1923, deux ans après le massacre de Tulsa, un scénario identique s’est déroulé à Rosewood, une ville essentiellement noire dans les forêts de pins en Floride. Une foule de Blancs a brûlé la ville entièrement – sous le prétexte d’une attaque contre une femme blanche, excuse éculée, très souvent avancée pour justifier des attaques racistes visant toute la population noire.
Les émeutes racistes contre la population noire étaient si nombreuses pendant l’été 1919 qu’il a été surnommé « l’été rouge » à cause du sang répandu. L’émeute de Chicago a explosé sur une plage ségréguée, où un jeune Noir nageait dans une zone habituellement occupée par des Blancs ; il a été caillassé et noyé. La police de Chicago a refusé d’entamer une action contre ces attaquants et de jeunes Noirs ont tenté de riposter. S’ensuivit une émeute de 13 jours, d’où 38 morts : 23 Noirs et 15 Blancs. Des foules de Blancs ont détruit des centaines de logements et d’entreprises de Noirs de la zone Sud de Chicago : mille familles de Noirs se sont trouvées à la rue. Le même été, à Washington, D.C., des Noirs ont réagi à une agression raciste et 39 personnes ont été tuées.
Le plus sanglant massacre raciste de « l’été rouge » s’est déroulé dans la campagne de l’Arkansas où le nombre des agriculteurs noirs tués a été compris entre 100 et 237. Cinq Blancs aussi ont été tués. Les agriculteurs noirs organisaient un syndicat pour lutter contre l’exploitation par le système de métayage, au même moment une grève générale se déroulait dans tout le pays.
Toujours en 1919, les efforts des patrons pour diviser la classe ouvrière à Bogalusa, en Louisiane, plus grand complexe de sciage au monde à l’époque, ont entrainé un massacre. Quand des ouvriers noirs, qui étaient utilisés comme briseurs de grève, ont rejoint les ouvriers blancs dans une campagne de syndicalisation, les organisateurs, tant noirs que blancs, ont été assassinés par l’armée privée de la Compagnie Lumber du Grand Sud.
Deux ans plus tôt à St Louis Est dans l’Illinois, le jeu favori des patrons « diviser et régner », basé sur le racisme, avait déjà causé l’un des plus importants soulèvements et massacres racistes de l’histoire nord-américaine. Face aux efforts de syndicalisation des travailleurs des industries d’emballage de viande et d’aluminium, les compagnies avaient engagé des travailleurs noirs, tentant de les utiliser comme briseurs de grève. Dans des meetings syndicaux suivis par des travailleurs blancs une rumeur circula… des hommes noirs poursuivent une femme blanche (forcément !). Des foules blanches sont descendues dans les quartiers noirs à St Louis Est, attaquant tous les Noirs en vue. La police et la Garde nationale non seulement sont restés là, mais ils ont rejoint le lynchage des Noirs qui s’étendait et la destruction par le feu de leurs quartiers. La NAACP (Association nationale pour la promotion des gens de couleur) estima que 100 à 200 Noirs ont été tués. Et 6 000 Noirs se sont retrouvés sans logis.
Tels sont quelques épisodes dans la longue et sanglante histoire de violence raciste subie par le peuple noir dans ce pays ; initiée par des bandes racistes organisées dans ce but, et souvent utilisée par les capitalistes pour diviser les travailleurs, Noirs et Blancs, qui s’organisent contre l’exploitation. La profonde division entre travailleurs blancs et noirs persiste encore, et s’oppose à l’unité de la classe ouvrière américaine.