Le 14 août, un séisme de magnitude 7,2 a frappé les régions du sud d’Haïti. Plus puissant mais plus circonscrit que celui du 12 janvier 2010 il laisse plus de 2 200 morts, 600 000 personnes nécessitant une assistance urgente selon les chiffres du gouvernement. Trois semaines plus tard, des zones reculées n’ont toujours pas eu de secours.
Le séisme a touché des villes comme Les Cayes, Camp Perrin, Jérémie où les maisons, les édifices se sont effondrés sur les habitants. Les écoles, hôpitaux, bâtiments publics, églises n’ont pas résisté. Dans les campagnes des glissements de terrain ont emporté des routes et des ponts. À Masseline, village situé sur la faille ayant provoqué le séisme, deux mornes se sont rencontrés entraînant le décès de plus de 500 personnes.
Les maisons des paysans, faites de matériaux précaires, ont été pour la plupart éventrées, et sont invivables. Deux jours plus tard les inondations provoquées par la tempête Grace ont balayé les abris de fortune des sinistrés.
Une fois la stupeur et la sidération passées, les survivants ont porté les premiers secours dans l’urgence. Ils ont réussi avec les moyens du bord à dégager des survivants, à ramener des corps ensevelis. Ils ont construit des abris de fortune dans un stade, sur des places à l’écart des édifices dans les villes. Ils ont érigé des camps de toile dans les campagnes. Leur solidarité a permis le partage des aliments, des médicaments sur place en attendant l’aide hypothétique venant de la capitale. Ils ont soulagé les blessés en attendant de meilleurs soins. La population a remplacé l’État défaillant en organisant les secours.
Après trois semaines, dans des zones reculées les secours n’arrivent toujours pas. Les dirigeants ont été incapables de coordonner une action pour venir en aide à la population sinistrée. Deux semaines se sont écoulées avant que le gouvernement décrète un programme d’assistance post séisme qui peine à se mettre en place.
Une aide humanitaire arrive difficilement depuis Port-au-Prince vers les villes des Cayes et Jérémie. Au départ de la capitale, une partie de l’aide est détournée par ceux qui sont en charge de la réception et la distribution. La route est menacée par des gangs armés qui rançonnent les convois, et la distribution des denrées à l’arrivée peut entrainer des bagarres récurrentes.
Comme lors du séisme de 2010 et des catastrophes suivantes, la gabegie et le pillage de l’aide se répètent, car ce sont les mêmes politiciens ou leurs semblables qui sont aux commandes.
Cette nouvelle catastrophe provoquée par un séisme naturel a été amplifiée par la pauvreté de la population. Les habitations des pauvres n’ont pas d’eau, pas d’électricité, construites avec peu de ciment et bien loin de normes parasismiques capables de résister aux secousses et de protéger les occupants.
Aujourd’hui, les leaders politiques défilent sur la zone sinistrée avec des bidons d’eau, ou des kits alimentaires et se font applaudir, eux dont la politique a emmené cette incurie, se présentent comme des bienfaiteurs. Un d’entre eux aurait même imprimé sa photo sur des sachets d’eau et des boites d’allumettes.
La population sinistrée ne s’y trompe pas, elle a su réagir les premiers jours, elle a su s’organiser dans les campagnes, dans les quartiers pour atténuer les effets de la catastrophe, pour éviter que l’aide ne soit détournée. Sa mobilisation et sa vigilance pourront permettre de mettre en avant les intérêts des démunis.