Lors de l’explosion sociale de novembre et décembre 2021, le gouvernement avait parlé d’autonomie de la Guadeloupe et de la Martinique. Sans doute pour noyer les vraies causes sociales de la révolte. Cependant, cette question a été relancée récemment en Corse et aussi en Guyane où l’Assemblée territoriale vient de se déclarer en faveur de l’autonomie.
Ce débat sur une possible évolution institutionnelle se veut être une réponse aux récentes luttes populaires et à la colère qui couve en permanence dans les régions dites d’outre-mer.
Le changement de statut n’a pas été demandé par la population lors des mobilisations récentes, même si le sentiment d’oppression est largement partagé. Certains élus locaux pourraient cependant se montrer intéressés par une évolution institutionnelle, ne serait-ce que pour complaire à leurs chefs parisiens et y trouver des avantages pour eux-mêmes.
Mais la question n’est pas de savoir sous quelle forme s’exercera ce nouveau pouvoir local : assemblée unique, autonomie, indépendance… Toute la question est de savoir qui dirigera ces institutions, qui exercera ce nouveau pouvoir local, et pour défendre quels intérêts.
Le but du gouvernement et de ses relais locaux, c’est de changer la forme pour mieux préserver le fond. Ils veulent continuer à diriger la société dans l’intérêt des gros possédants. Les adaptations locales des différentes lois en vigueur leur permettent déjà d’accorder de nombreuses faveurs aux plus riches. Davantage de pouvoir local, ce serait alors davantage de cadeaux aux gros capitalistes, békés en tête et plus de miettes aux notables politiques.
Mais les travailleurs et la population pauvre pourraient en décider autrement. Le débat sur le changement de statut pourrait être l’occasion de poser largement les problèmes qui les concernent, et d’exiger des solutions à la hauteur de ces problèmes. Contre le chômage de masse, des embauches en grand nombre. Contre la vie chère et l’explosion des prix, un contrôle rigoureux exercé par la population elle-même. Contre le sous-développement, les coupures d’eau, l’habitat insalubre… des plans ambitieux de rattrapage. Et contre leur mise à l’écart de la vie politique, les travailleurs, devraient s’imposer dans cette nouvelle formule par une existence politique propre et indépendante avec leur propre parti politique de classe. Un changement de statut quelconque ne changera rien en lui-même. Il ne changera qu’avec ce que les travailleurs et masses pauvres seront capables d’en faire.
Pour que le changement de statut ne soit pas juste un replâtrage qui ne résoudra rien, il faudra que les couches laborieuses s’imposent dans les luttes. Alors seulement elles imposeront que l’on compte avec elles et leurs revendications propres.