Les manifestations continuent et s’intensifient depuis que le premier ministre Ariel Henry a décrété l’augmentation du prix des carburants.
Le 11 septembre le gouvernement a décidé d’arrêter les subventions aux produits pétroliers ce qui a entrainé une hausse massive du prix de tous les carburants. L’essence passe de 2,5 euros à 5,7 euros, le diesel de 3,53 euros à 6,70 euros et le kérosène de 3,52 euros à 6,65 euros. Suite à ces augmentations, les prix des transports flambent, le kérosène utilisé dans les lampes à pétrole est inabordable.
Durant la semaine des manifestants ont sillonné les grandes villes de province et la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Les mots d’ordre sont la démission du premier ministre, la baisse des prix des produits pétroliers, le ravitaillement des pompes à essence, la baisse du coût de la vie, la lutte contre l’insécurité.
À Port-au-Prince, dans chaque quartier, des barricades ont été montées durant la semaine du 14 septembre. Elles sont tenues par des jeunes des quartiers, des voisins et aussi des membres de gangs. Un des chefs de gang, Barbecue, a déclaré soutenir ces revendications, il a été rejoint par les politiciens opposés à Ariel Henry. La police dégage les rues durant la nuit, et le matin de nouvelles barricades sont érigées. Dans la semaine les entreprises de la zone industrielle ont été fermées, les patrons renvoyant les ouvriers sans salaire.
Les ouvriers qui cherchaient à passer les barricades pour aller sur la zone industrielle ont été pris à partie par les « barricadiers ». À certains points de passage, ils sont rançonnés, dans d’autres quartiers ils sont bousculés, malmenés, frappés. Les kidnappings continuent, une jeune femme qui se débattait a été tuée le 14 septembre. Ces émeutiers-là ne représentent pas les travailleurs, leur mot d’ordre principal est la démission d’Ariel Henry.
Ce dernier a déclaré le 18 septembre qu’il « maintient la hausse des prix du carburant », et il a « condamné les actes de violence qui ont bloqué les routes, des ambassades étrangères et des banques ». Il compte sur des représentants de l’ONU qui l’assurent de leur soutien dans la fermeté.
Ce lundi 19 septembre les manifestations ont pris de l’ampleur, s’étendant à tout le pays. Les banques ne sont pas ouvertes, la zone industrielle est à l’arrêt et la circulation est bloquée sur Port-au-Prince. Les politiciens et les gangs armés continuent leur bras de fer contre le gouvernement du Premier ministre.
Dans ce mouvement, les intérêts des travailleurs ne sont pas exprimés. Ces derniers demandent l’augmentation du salaire minimum à 2000 gourdes journalières, le paiement en dollars du salaire, la baisse du prix des produits de base. Ces revendications, personne ne les portera à leur place. Leur réalisation ne viendra pas des politiciens, d’un gouvernement ou encore moins des gangs armés. Les travailleurs subissent la dictature des patrons, des bourgeois et des gouvernements à leur service, la population pauvre subit la dictature des gangs armés dans les quartiers.
Pour affronter cette dictature, l’organisation indépendante des exploités est à l’ordre du jour. Les manifestations qui se succèdent pourraient donner des occasions de mettre en place des embryons de cette organisation.