Des avions militaires américains et canadiens ont atterri à Port-au-Prince à la fin de semaine passée pour livrer des véhicules blindés destinés aux forces de police locales.
Lundi 17 octobre, le premier ministre d’Haïti a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU un appui encore plus fort, soit l’intervention d’une force militaire, afin de « stabiliser son pays en proie au chaos ». Ce jour-là, il n’y a pas eu de commémoration grandiose du 216ème anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, surnommé Père fondateur de la Nation.
Mais une manifestation s’est dirigée vers l’ambassade des États-Unis, les slogans les plus fréquents n’étaient pas contre la cherté de la vie et la hausse du prix des carburants, mais des slogans « à bas Ariel Henry », le Premier ministre, et « non à une intervention étrangère ». Les politiciens organisateurs appuient les propositions de réarmer la police pour affronter les gangs et rejettent une force militaire étrangère.
Parmi les ouvriers de la zone industrielle de Port-au-Prince et dans les quartiers populaires l’idée du débarquement de militaires américains n’est pas rejetée. L’idée ou l’illusion que ces militaires pourraient mettre au pas les bandits, voire radicalement se débarrasser d’eux, fait son chemin.
Dans le pays bloqué, les gangs rançonnent la population. Ils organisent la pénurie de carburant à Port-au-Prince et le trafic d’essence depuis Saint-Domingue et en tirent profit en le revendant sept à 10 fois sa valeur.
Les administrations sont fermées, l’État et les services publics sont inexistants, le secteur informel des petites marchandes tente de se maintenir tant bien que mal. Les chauffeurs de transport en commun essaient d’assurer un service, avec des prix augmentés par le coût exorbitant des carburants.
Sur cette misère, cette insalubrité vient se greffer une épidémie de choléra qui prend rapidement de l’ampleur avec plus de 600 cas et 35 décès répertoriés depuis le début du mois d’octobre selon l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS).
Dans ce contexte les travailleurs, les pauvres ne peuvent compter que sur leur organisation et leur nombre pour faire face à l’exploitation.