Plus de quinze jours après le séisme en Turquie et Syrie, le bilan dépasse 44 000 morts et ne cesse de s’alourdir. La colère s’ajoute au deuil des familles devant l’incurie des gouvernements.
Le séisme et ses répliques ont été dévastateurs. Il y aurait plus de cent mille blessés. En Turquie et en Syrie, plus de huit millions de personnes sont touchées selon l’OMS. Elles se retrouvent sans abri en plein hiver, sans accès à l’eau potable. En Syrie, pays déjà en ruine du fait de quatre ans de guerre civile, la région touchée est particulièrement vulnérable. Des millions de personnes qui ont fui les combats vivent dans des camps, dans des abris précaires ou des tentes. Les bombardements avaient déjà endommagé les hôpitaux et une épidémie de choléra est en cours.
En Turquie, située dans une zone très sismique, plus de 10 provinces sont détruites par ce séisme. Plus de 100 000 bâtiments se sont effondrés en bloc. Face aux décombres, c’est la population elle-même qui a commencé à organiser les secours. Le gouvernement du président Erdogan n’a pas mobilisé dans l’urgence les moyens d’État, notamment l’armée avec ses dizaines de milliers de soldats, ses avions, ses hélicoptères, ses camions.
Dans cette zone, les constructions étaient de mauvaise qualité, les promoteurs se sont enrichis et n’ont pas livré des constructions parasismiques. Le gouvernement d’Erdogan en vingt ans de pouvoir, n’a pas préparé le pays à une catastrophe prévisible, la corruption des promoteurs immobiliers et leur collusion avec le pouvoir sont connus depuis bien longtemps.
Les recherches de survivants ont été arrêtées le 19 février, les victimes se sentent abandonnées, de nombreux rescapés dénoncent l’absence des secours et les erreurs d’organisation. En réponse à ces critiques, le réseau Internet a été coupé et la police turque a arrêté des dizaines de personnes qui s’exprimaient sur les réseaux sociaux. L’état d’exception a été déclaré dans le pays, les écoles et universités ont été fermées jusqu’au 20 février. Erdogan, le président de la république, renforce son système de contrôle et de répression. Il craint de possibles réactions de la population lors des élections législatives et présidentielle prévues le 14 mai. Tant en Syrie qu’en Turquie ce séisme s’ajoute à une catastrophe sociale qui n’a rien de naturel.