Les affrontements entre bandes armées se multiplient dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince. La population est prise en étau entre les gangs rivaux.
Depuis plusieurs semaines, les affrontements violents ont augmenté dans la capitale. Des quartiers jusqu’ici plutôt épargnés subissent désormais les attaques des gangs armés. Les assaillants tuent, violent et pillent. Les cas d’enlèvements s’accumulent, des passants, des marchandes sont kidnappés. Un professeur, sa femme, son enfant et deux autres personnes qui les accompagnaient ont été kidnappés. Dans la même journée, l’inspecteur général de la police nationale d’Haïti, est enlevé avec sa fille alors qu’il l’accompagnait à l’école. Les gangs frappent sans répit.
Des milliers de familles ont fui leurs maisons pour se réfugier hors de la capitale. Mais les endroits pour se mettre à l’abri deviennent de plus en plus rares car ces quartiers sont eux aussi sous la coupe d’un autre groupe armé. Selon plusieurs organisations civiles haïtiennes, ces groupes contrôlent désormais l’ensemble de la capitale.
Alors que le gouvernement est en attente d’une intervention du Canada ou d’une autre puissance militaire de l’ONU, la population laborieuse s’adapte à la situation pour survivre. Une ouvrière raconte : « dès qu’il y a des tirs on se cache, et ensuite on reprend la vie normale. Comme on n’est pas sûr de pouvoir rentrer chez soi le soir, alors on prévoit un lieu où dormir et on emporte des vêtements de rechange dans son sac ».
Du fait de l’ampleur des violences exercées contre la population, la grande majorité de celle-ci subit les exactions. Malgré cela, des poches de résistance se constituent dans les provinces où la population de certaines localités s’organise pour riposter. Ainsi dans l’Artibonite plusieurs bandits identifiés et filés par des riverains ont été lynchés. Des brigades patrouillent le soir, contrôlent les individus inconnus et les appréhendent. Elles ont mis le feu à une maison où des individus voulaient s’installer. Ainsi, elles ont stoppé la répression qui s’exerçait dans la zone. Ces brigadiers ont démontré que le salut ne viendra que de la colère et de la mobilisation des habitants des quartiers populaires des villes et des campagnes.