CO N°1303 (25 mars 2023) – Il y a 90 ans, l’arrivée de Hitler au pouvoir

Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler, chef du Parti nazi (Parti national-socialiste des travailleurs allemands) était nommé chancelier, c’est-à-dire chef du gouvernement, par le président de la République d’Allemagne, le maréchal Hindenburg. En février, Hitler et son parti débutent officiellement la purge de tous leurs opposants politiques, communistes et socialistes en tête.

Le Parti nazi s’inspirait du régime fasciste italien, un régime d’extrême droite dictatorial, guerrier, porté au pouvoir en Italie en 1922 par Mussolini pour réprimer la classe ouvrière. Si un tel parti a pu s’emparer de l’appareil d’État, c’est parce que la bourgeoisie allemande et en particulier les grands industriels l’y ont aidé.

La bourgeoisie face à une classe ouvrière combative et organisée

Dans les années 1920, la classe ouvrière mondiale était encore très marquée par la révolution ouvrière victorieuse en Russie en 1917. Cette dernière avait mis fin à la Première Guerre mondiale et provoqué une vague de révolutions en Europe. À cette époque, des partis communistes fleurirent partout. Leur but  était d’organiser les futurs combats pour le renversement de la bourgeoisie, cette classe sociale qui s’enrichit grâce à l’exploitation des êtres humains et qui venait de plonger toute l’humanité dans la boucherie de la guerre mondiale.

La classe ouvrière allemande avait une conscience élevée de sa force sociale et politique. En 1918, elle avait renversé la monarchie et menacé la bourgeoisie. Les événements révolutionnaires s’étaient succédé jusqu’en 1923.

À cette période, le Parti social-démocrate allemand comptait un million de membres. Il dirigeait des syndicats de quatre millions et demi de membres, des coopératives, des associations, disposait d’une milice ouvrière. Le Parti communiste allemand, à la tête d’une milice de 100 000 hommes, regroupait des centaines de milliers de militants, qui constituaient la fraction la plus combative, la plus décidée du prolétariat allemand.

La crise de 1929 et la montée du nazisme

À l’époque, l’Allemagne était l’un des pays les plus industrialisés d’Europe. Mais grande perdante de la Première Guerre mondiale, elle était soumise aux contraintes économiques imposées par les vainqueurs de la guerre. De plus, la crise mondiale de 1929 avait frappé durement son économie. D’autant plus durement que l’Allemagne n’avait pas de colonies comme la France ou l’Angleterre.

À cause de la crise, le chômage toucha massivement la classe ouvrière allemande. Des usines entières fermèrent. Pour continuer à faire du profit en temps de crise, le grand patronat n’hésita pas à imposer des mesures drastiques aux travailleurs. Les travailleurs n’acceptèrent pas ces mesures. Les grèves, les affrontements, les meetings politiques se multiplièrent.

C’est cette nouvelle montée de combativité ouvrière qui inquiéta la bourgeoisie. Elle vit en le Parti nazi un allié pour mettre au pas radicalement la classe ouvrière et écraser les organisations ouvrières. Dès 1930, les principaux dirigeants de l’industrie lourde – Gustav Krupp, président du syndicat patronal, Thyssen, Siemens, ou encore les dirigeants d’AEG, d’IG Farben – décidèrent de financer le mouvement nazi.

La crise de 1929 profita au Parti nazi. Elle ruina de nombreux petits commerçants et petits-bourgeois propriétaires. Hitler enrôla les plus enragés de ces petits bourgeois dans des Sections d’assaut (SA), des milices de choc, les utilisant contre les organisations ouvrières. Les SA, qui regroupaient 200 000 mem-bres en 1930, 400 000 deux ans plus tard, s’attaquaient aux locaux des syndicats ou des partis ouvriers, s’en prenaient physiquement aux militants ouvriers. Pendant la campagne électorale de 1930, 200 militants ouvriers furent assassinés par les SA.

Les partis ouvriers allemands, responsables du triomphe du nazisme

Aucun des partis ouvriers ne proposa de combats communs pour protéger les travailleurs, les militants, les locaux, les usines. Non seulement les dirigeants du Parti social-démocrate se refusèrent à mener la lutte contre le fascisme mais en plus ils participaient à la répression de grèves ou de manifestations ouvrières.

La direction du Parti communiste allemand (le KPD) quant à elle, suivait les tournants de la politique de Staline, dirigeant de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques). Elle prétendait que la social-démocratie et le fascisme étaient des « frères jumeaux » et que la social-démocratie était l’adversaire principal de la classe ouvrière, refusant toute action commune avec les sociaux-démocrates pour combattre les Nazis.

Dès 1930, Léon Trotsky, l’un des dirigeants de la révolution ouvrière victorieuse en Russie en 1917, exhortait les militants communistes allemands à abandonner la politique aberrante de la bureaucratie stalinienne : « Maintenant il faut se retourner contre le fascisme en formant un seul front », disait-il. Cette nécessaire politique était dite de front unique.

Avec ce front unique, le prolétariat aurait pu se préparer aux combats nécessaires contre l’ensemble des capitalistes et les Nazis, qui voulaient son écrasement. Sans cela, Hitler put mener à bien son « grand nettoyage ». La classe ouvrière subit une défaite sans combat dont les conséquences furent catastrophiques : la deuxième guerre mondiale fut une nouvelle boucherie.