CO N°1308 (17 juin 2023) – Guadeloupe – Le changement de statut et les intérêts des travailleurs

Les 7 et 8 juin derniers les élus des deux assemblées locales ainsi que les parlementaires (députés et sénateurs) se sont réunis en congrès en Guadeloupe. Il s’agissait de discuter des institutions nouvelles. Rester Département et Région à la fois ? Devenir une Collectivité unique ? Une Région autonome ? C’est ce qui est en discussion parmi les élus et les notables qui dirigent en Guadeloupe.

Le simple bon sens fait dire à beaucoup de gens que deux Assemblées dans un si petit pays est un peu ridicule. Mais jusqu’à présent les élus n’y étaient pas prêts et on se demande bien pourquoi. Aujourd’hui les choses semblent évoluer.

Mais qui peut un seul instant penser que changer d’institutions changera le sort de la population, celui des travailleurs, des pauvres, de la jeunesse des quartiers ?

Est-ce qu’un changement de statut par sa seule vertu permettra aux travailleurs d’avoir des salaires permettant de vivre décemment ? Aux chômeurs d‘avoir un emploi décent ? À des milliers de jeunes de sortir de la délinquance et des ravages de la drogue ? À de nombreuses familles d’avoir un salaire décent ?

Non. La CTM, collectivité territoriale de Martinique, qui a remplacé il y a déjà plusieurs années le Conseil général et le Conseil régional n’a absolument rien changé au sort des masses exploitées de l’île sœur. Il en sera de même en Guadeloupe.

Alors les travailleurs et les masses populaires ont intérêt à faire entendre leur voix pour faire entendre leurs revendications et montrer qu’ils sont là et qu’il faut compter avec eux. Un certain nombre d’entre eux le font régulièrement : ce sont les grévistes de nombreuses entreprises, ce sont ceux qui ont manifesté en novembre 2021 et qui ont bloqué l’île avec les barrages pour protester contre la mise au chômage des soignants qui ne voulaient pas se faire vacciner, contre l’obligation vaccinale imposée violemment par Macron.

Parmi eux se trouvaient des camarades favorables à la vaccination comme la majorité des camarades de Combat ouvrier mais qui s’opposaient à l’obligation vaccinale, autoritaire et violente. Ceux qui font entendre leur voix sont aussi ceux qui à plus de 3 000 ont manifesté dans les rues de Pointe-à-Pitre le premier mai. Mais faire entendre sa voix ne suffit pas. Les travailleurs et les classes populaires ont intérêt à construire leur propre parti politique. Un parti qui vise au renversement révolutionnaire de la classe des possédants, la bourgeoisie et les riches. Car tout le mal vient de cette classe-là. Et la majorité des politiciens ne sont que les serviteurs politiques de ces possédants.

En attendant, il faut montrer sa force. Chaque grève, chaque mobilisation doit être une bonne occasion pour cela. Car ce parti des travailleurs et des masses pauvres se construira dans les luttes, dans les grèves et dans la rue. Il faut se faire craindre. Ce n’est que comme cela que l’on comptera avec les travailleurs et les masses pauvres.

Il faudrait que tout changement, que ce soit le changement de statut ou d’autres profite en priorité à la majorité de la population, c’est-à-dire aux travailleurs et aux classes populaires. Sinon, à quoi bon ?

Les élus nous présentent ce qui est bon pour la Guadeloupe. Mais il y a deux Guadeloupe principalement : la Guadeloupe des gens riches et aisés et la Guadeloupe des pauvres. Alors ne rentrons pas dans ce jeu qui mêle tout le monde derrière le mot Guadeloupe. Entre MM. Hayot ou Blandin et un travailleur pauvre il y a un monde.

C’est avec une telle conscience de classe que les travailleurs pourront faire valoir leurs intérêts propres, quel que soit le changement de statut.