Le 3 juillet 1962, l’Algérie proclamait son indépendance, à l’issue d’une guerre de sept années contre le colonialisme français.
De la conquête coloniale à la guerre d’indépendance
La conquête de l’Algérie par la France a commencé en 1830. Ce fut le début d’une colonisation de 132 ans. Cette conquête fut atroce, l’impérialisme français utilisa les pires méthodes criminelles pour forcer les populations à se soumettre. Les insurrections furent réprimées.
Durant toute la période coloniale, les Algériens furent traités comme des parias, des sujets corvéables à merci. L’État mit en place une colonisation de peuplement. La majorité des nouveaux venus étaient pauvres, originaires de France, d’Italie, d’Espagne, de Corse, Malte et ailleurs. Ce furent ceux qu’on appela les « pieds noirs » Seule une minorité d’entre eux devinrent de gros et riches possédants terriens ou commerçants.
L’oppression coloniale engendra la naissance d’un mouvement nationaliste qui réclamait plus de droits pour les Algériens. En 1936, en France, le gouvernement de Front populaire réprima les manifestants qui réclamaient le droit de vote. Le 8 mai 1955, jour de l’armistice qui marquait la fin de la deuxième Guerre mondiale, à Sétif des dizaines de milliers de manifestants algériens furent exécutés et bombardés. La cause : certains avaient brandi le drapeau algérien et réclamaient l’autonomie, l’indépendance ou la fin des inégalités coloniales.
En octobre 1954, de jeunes nationalistes : Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat, Mohammed Boudiaf, Mourad Didouche, Belkacem Krim fondèrent un nouveau mouvement nationaliste : le Front de libération nationale (FLN).
Le 1er novembre 1954, le FLN lança la guerre de libération du pays. Une vague d’attentats frappa tout le territoire algérien. Des casernes furent attaquées, des attentats visèrent l’usine de gaz et le dépôt de pétrole d’Alger.
Une guerre impitoyable
Après les attentats de novembre 1954, l’impérialisme français avait aussitôt réagi. De nombreux militants furent arrêtés, torturés, des renforts militaires furent envoyés sur place. Dans cette sale guerre, des milliers d’Algériens furent assassinés, torturés dans des chambres de tortures, battus, des femmes violées dans les villages. Des bombardements au napalm.
Le FLN enrôla dans les maquis des dizaines de milliers d’hommes et de femmes de la population.
En 1958, il devenait de plus en plus évident que l’armée française n’arriverait pas à écraser définitivement le FLN. La bourgeoisie et l’armée française firent appel à un personnage historique : de Gaulle, pour régler la question algérienne en préservant les intérêts de la bourgeoisie. Pour ce faire, la guerre dura encore quatre ans.
L’indépendance de l’Algérie était inéluctable et de Gaulle le savait. Mais il fallait que les insurgés algériens en payent le prix fort en tortures, massacres et humiliations. Et il fallait pouvoir faire comprendre aux pieds noirs qu’ils devraient bien se soumettre à un État algérien indépendant ou partir. Et il fallait enfin que l’impérialisme français puisse conserver le plus longtemps possibles ses intérêts pétroliers et logistiques dans le Sahara algérien notamment. La guerre dura encore quatre ans.
En 1962, les accords d’Évian qui furent signés entre la France et le gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) mirent fin à la guerre.
Dans les premiers jours de juillet 1962, le GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) s’installa au pouvoir à Alger. Après une lutte armée impitoyable pour le pouvoir entre les différentes fractions du FLN, Ben Bella prit le pouvoir avec l’Armée de libération nationale, l’ALN, l’armée des frontières de Houari Boumediene. En décembre 1962, le Parti communiste algérien fut interdit. Les opposants furent éliminés. Le syndicat l’Union générale des travailleurs Algériens (UGTA) fut mis au pas.
Le FLN instrument de la classe dirigeante contre la population et les pauvres
Le FLN et ses cadres défendent non seulement les intérêts de la bourgeoisie algérienne mais aussi des grands groupes capitalistes français tels que BNP, Bouygues, Renault, Alsthom etc. installés dans le pays. Pots de vin, corruption sont légion.
Les dirigeants du FLN avaient eu le courage de déclencher une guerre contre la domination coloniale mais ils ne visaient pas l’émancipation des classes opprimées. Leur objectif politique a surtout été de construire un État national libéré du colonialisme français. La défense des intérêts spécifiques des travailleurs et des pauvres n’était pas dans leur programme et leurs préoccupations.
Les dizaines de milliers de travailleurs algériens exploités dans les usines françaises auraient pu jouer un rôle clef en s’adressant à leurs frères de classe français. Le FLN les cantonnait à un rôle de soutien en flattant la corde nationaliste.
Sur le plan organisationnel, le FLN s’assura constamment l’hégémonie du mouvement de libération.
Déjà, pendant la guerre, il contraignit toutes les tendances politiques à disparaître au sein d’un même parti unique, le FLN. Le Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj créé en novembre 1954 fut éliminé politiquement et physiquement. Et, au sommet, la lutte interne à coup d’éliminations physiques pour la direction du mouvement fut permanente tout au long de la guerre d’indépendance.
Au nom de l’État et du patriotisme algérien, les dirigeants nationalistes ont imposé des sacrifices à leur population tout en menant une politique autoritaire. Depuis l’indépendance, la classe ouvrière a dû supporter le poids de plus de soixante ans de dictature et de répression. Les droits démocratiques ont été bafoués, l’émancipation sociale et l’émancipation des femmes n’étaient pas et ne sont toujours pas à l’ordre du jour. Les travailleurs et la population pauvre à certaines périodes se sont révoltés contre la dégradation de leurs conditions de vie et contre des systèmes politiques corrompus. Ces luttes sont souvent réprimées.
Les classes populaires d’Algérie ont montré à travers la lutte pour l’indépendance leur capacité à défendre leur dignité et à mettre fin aux humiliations de l’impérialisme français. Mais la politique nationaliste est une impasse pour les masses. Elles ont encore à gagner leur émancipation sociale par leur propre lutte et leur propre direction politique.