La CTM ayant voté une délibération déclarant le créole langue officielle à côté du français, le préfet a demandé à Letchimy, le président Conseil Exécutif d’annuler cette décision. Ce que ce dernier a refusé de faire dans une lettre en créole adressée au représentant de l’État.
Mais l’affaire n’en reste pas là. Voilà que deux anciens dirigeants du PPM s’en mêlent en se désolidarisant de Letchimy.
Michel Ponnamah, ancien membre de la direction et Rodolphe Désiré, ancien maire du Marin et ancien emprisonné de l’OJAM (Organisation de la jeunesse anticolonialiste de Martinique) ont adressé une lettre ouverte à Letchimy pour lui dire qu’il y a d’autres problèmes plus importants à régler.
Oui mais celui posé par Letchimy n’est pas sans importance et voilà ces deux notables sortis du même moule que Letchimy et Césaire se trouver de fait dans le camp de la préfecture et de l’État sur la question du créole.
Après des siècles de mépris, voilà la langue dite « des vié neg » (des nègres de la campagne et ignares) qui avait retrouvé depuis longtemps déjà sa vraie valeur. Et bien avant le vote de la CTM. Mais ce vote allait quand même dans le bon sens : faire de la langue des travailleurs la langue officielle juridiquement. Bien sur que cette même CTM et les notables de la gauche modérée n’iront pas jusqu’à mettre en avant les revendications des travailleurs : augmentation uniforme des salaires et leur indexation sur les prix par exemple. Mettre en avant leur langue leur suffit ! C’est facile, ça ne coûte rien aux gros patrons.
Mais même sur cette question du créole, on trouve donc deux notables connus issus du même parti pour s’y opposer. Cela revient à se courber devant l’État colonial et son représentant local.