CO N°1313 (7 octobre 2023) – Éditorial – Haïti : la population face aux gangs !

Le système dominant de notre époque, le système capitaliste mondial, engendre d’un bout à l’autre de la planète des situations infra humaines, la plus grande des misères et la barbarie. Il en est ainsi en Haïti.

Les gangs y exercent la terreur au quotidien. Les exactions commises par ces gangs sont effroyables : viols, enlèvements, tueries.

À l’origine de ces gangs modernes se trouvent des politiciens qui les armaient et/ou des capitalistes qui monnayaient leur tranquillité. Ils réglaient ainsi leurs comptes avec des coteries politiques adverses. Jovenel Moïse, le président assassiné, avait son propre gang. Puis les gangs se sont multipliés.  Qu’il y ait aujourd’hui des gangs agissant pour leur propre compte, n’est pas étonnant. En remontant plus haut dans le temps, des chefs d’État ont donné l’exemple des gangs.

De 1957 à 1986, la dictature des Duvalier, père et fils, terrorisait la population avec leur milice armée, les tontons macoutes. D’autres chefs d’État ont copié la manœuvre, comme l’ancien président Aristide et ses « Chimères ». Puis l’ancien président Martelly, de 2011 à 2016, a financé directement des gangs afin de les mettre à son service. Chimères, zinglendos et autres bandits ont été légion.

À la violence des gangs, il faut ajouter l’extrême pauvreté dans laquelle vit la population. Sur 12 millions d’habitants dans le pays, on dénombre 5,2 millions de personnes ayant besoin d’aides d’urgence, pour se nourrir et se loger.

C’est la pauvreté qui nourrit les gangs. Ceux qui décident de rejoindre ces bandes d’assassins viennent eux-mêmes de quartiers populaires et sont souvent très jeunes. Ils se mettent sous les ordres de chefs de gang, dans l’espoir de percevoir un petit pécule ou avoir un repas.

Le capitalisme est un système de classe où les capitalistes s’enrichissent en exploitant la classe des travailleurs. Les riches ont alors un intérêt à ce que les travailleurs restent pauvres, voire qu’ils s’appauvrissent. C’est le cas partout dans le monde, et c’est encore plus vrai en Haïti. La misère qui y règne contraint les travailleurs à accepter des cadences très difficiles et un salaire insuffisant même pour survivre.  Alors cette pauvreté, les capitalistes l’entretiennent avec la complicité de certains États, dont les USA et la France. Les États-Unis ferment les yeux sur le trafic d’armes en Haïti qui viennent de Floride !

Les travailleurs et la population pauvre d’Haïti ne peuvent donc compter que sur eux-mêmes.

Quelques révoltes d’habitants de quartiers de Port-au-Prince contre les gangs sont un exemple de détermination dont peut faire preuve la population. En constituant et en multipliant des groupes d’auto-défense, la population peut faire changer la peur de camp, et se rendre maitre de ses rues et de ses quartiers. Elle ne serait alors pas loin de construire son propre parti politique. On a vu dans la cité ouvrière : le parc Sonapi, dans cette période des travailleurs tenir tête aux patrons les plus féroces, faire grève, pour leur salaire par exemple.

Et puis la population d’Haïti manifeste sans cesse contre le pouvoir, contre les gangs ou contre le Premier ministre. Régulièrement, des milliers de personnes descendent dans les rues et expriment leur colère. Ces conditions-là constituent un terreau favorable pour aller plus loin.

Si les travailleurs et la population haïtienne parvenaient à se doter d’un parti ouvrier révolutionnaire, expression organisée de la conscience de classe, alors les conditions seraient mûres pour un changement radical, l’extermination des gangs mais aussi l’éradication des capitalistes qui sucent le sang des travailleurs d’Haïti. Ce serait le chemin vers la prise de pouvoir révolutionnaire des travailleurs et des pauvres.