Dans cette fin d’année, il n’y a pas de relâche dans la guerre entre les gangs armés. Et la population des quartiers populaires est victime de cette terreur.
À la sortie sud de la capitale la circulation vers les départements du sud du pays est interdite, la police a affronté les gangs qui tiennent cette zone occasionnant des dizaines de morts dans la population du quartier.
Dans le centre-ville, les rares camionnettes qui osent transporter les marchandes sont rançonnées et circulent à leur risque et péril. Les activités sont réduites, les gangs s’affrontent pour contrôler le trafic sur les grands axes et notamment vers l’aéroport.
Au nord de la capitale la semaine passée, le gang « 400 Mawozo » qui contrôle la zone menant à la frontière vers Saint Domingue a mené une expédition punitive contre un quartier où deux de ses membres avaient été interceptés et neutralisés par la population.
Les rares ouvriers qui travaillent sur la zone industrielle sont en congé de fin d’année et à cette période ils avaient l’habitude de partir en province visiter leur famille. Cette année c’est impossible de nouveau, les routes sont tenues par les gangs et s’ils sont prêts à risquer ce voyage, le prix des transports a tellement augmenté que leur maigre salaire ne le leur permet plus.
Dans certains restaurants chics de Pétionville quelques groupes musicaux ont tenté de faire illusion avec des spectacles pour les bourgeois ou pour attirer des jeunes. Les églises et autres cultes ont appelé à des manifestations religieuses sans plus de succès.
Les gangs armés perturbent la production et le transport des denrées alimentaires, touchant gravement les principaux greniers d’Haïti. La moitié de la population est désormais en proie à l’insécurité alimentaire, dépassant les niveaux observés après le séisme de 2010. La politique du gouvernement, de la police, de la classe politique, de l’ONU, des ambassades des grands pays dits amis d’Haïti montre son impuissance.
Les gangs mènent la guerre à la population pauvre, en attendant une occasion qui pourrait lui permettre une riposte comme elle l’avait fait de manière sporadique il y a quelques mois. Une répétition prélude à une mobilisation générale des masses exploitées serait la meilleure solution. Mais cela suppose non seulement une organisation mais aussi une politique de masses pauvres indépendante des partis bourgeois et des politiciens véreux.