À la suite des négociations nationales, la direction de TEMAG (TotalEnergies Marketing Antilles Guyane) a rencontré les représentants syndicaux de Guadeloupe et de Martinique pour leur faire part de ses propositions sur deux points : les salaires et la Prime de partage de la valeur (PPV). Mais elle a senti souffler un vent de fronde…
TEMAG (TotalEnergies Marketing Antilles Guyane) est une filiale de TotalEnergies. Elle résulte de la fusion opérée en octobre 2022 de l’établissement de Guadeloupe et celui de Martinique et la direction du nouvel ensemble est basée en Martinique.
Le 13 décembre 2023, la direction Antilles-Guyane de Total a réuni quatre représentants syndicaux pour qu’ils avalisent ce qu’elle avait décidé de manière unilatérale. Car très vite, les représentants du personnel ont constaté qu’il ne s’agissait pas de négocier, mais de prendre acte de décisions déjà prises et arrêtées. Elle proposait « une augmentation générale de 5 % versée en deux temps, incluant un acompte de 2 % versé en juillet 2023, puis sur le salaire ajusté, l’application d’une seconde augmentation générale de 1 % pour atteindre les 3 % d’augmentation générale, puis d’une éventuelle troisième augmentation individuelle (2 %) en fonction de la performance du salarié et selon la sélectivité ». Quant à la PPV, elle serait comprise entre 2000 et 4000 euros.
Au su de ces décisions, l’ensemble des représentants syndicaux ont exprimé leur refus. La CGTM a publié un tract rappelant que le PDG de Total a bénéficié en mars 2023 d’une augmentation de ses rémunérations de 10 % et que ce même PDG a annoncé le 26 juillet 2023 que les actionnaires auraient droit à 2,62 milliards de dividendes exceptionnels. En bref, ce sont des miettes que la direction voulait leur attribuer.
Face à cette situation qui risquait de tourner à la grève, la direction a montré sa colère et son angoisse en exerçant le chantage de ne rien verser si un accord n’était pas à ses conditions et en fixant un ultimatum au lundi 18 décembre à 9 heures. Dans le même temps, elle a mis la pression sur les représentants syndicaux en passant par une catégorie des salariés qui exigeaient qu’un accord soit signé aux conditions imposées par la direction. Après une première signature obtenue dans ces conditions le vendredi 15 décembre, deux autres représentants syndicaux ont adhéré le lundi 18 décembre après une réunion très houleuse de l’ensemble du personnel de Martinique convoquée par la présidente.
Dans cette société, cela faisait des années qu’aucune mobilisation n’avait eu lieu sur des questions salariales. Cet épisode a permis aux travailleurs de constater de manière concrète les méthodes des patrons de Total pour imposer leurs décisions. Il a aussi montré que des travailleurs qui ont osé remettre en cause des décisions patronales, ont également créé un vent de panique chez la direction. Ce qui a conduit certains à déjà prendre rendez-vous pour l’année prochaine avec cette dernière.