CO N°1318 (30 décembre 2023) – Yémen – Mer Rouge : la guerre sur tous les radars

Les Houthistes du Yémen mènent des attaques depuis un peu plus d’un mois contre des navires commerciaux en mer Rouge.

Le 19 novembre 2023, les Houthistes ont filmé la capture d’un navire marchand, le Galaxy-Leader, propriété d’un homme d’affaire israélien. Le 23 décembre ils en étaient à leur 15ème attaque à coups de tirs balistiques contre des navires commerciaux.

Les dirigeants houthistes affirment s’attaquer aux cargos en représailles aux attaques d’Israël contre Gaza. Tout navire qui, de près ou de loin, est affilié à Israël est une cible. Ils soutiennent qu’ils cesseront les attaques lorsque Gaza ne sera plus assiégée et que les vivres et médicaments pourront être acheminés à la population palestinienne.

Les Houthistes sont une organisation politico-militaire de mouvance chiite qui s’est développée dans le nord du Yémen. En 2014 le Yémen est en pleine guerre civile et les Houthistes s’imposent sur une partie du pays. Aujourd’hui ils contrôlent 30 % du territoire dont la capitale Sanaa et les deux tiers de la population.

Les Houthistes ont toujours usé de l’argument que l’impérialisme américain et Israël sont une menace. Les attaques en mer Rouge sont pour les Houthistes une façon de légitimer leur pouvoir vis-à-vis de la population. C’est aussi l’opportunité de porter un coup à l’Arabie Saoudite qui subit les conséquences des perturbations de la circulation dans le canal de Suez. Aujourd’hui, les Houthistes du Yémen reçoivent le soutien militaire de l’Iran, ils font partie de « l’axe de la résistance » contre Israël, avec le Hamas.

La réaction des États-Unis n’a pas tardé. Des destroyers américains patrouillent en mer et interceptent les drones d’attaques. Ils accusent l’Iran d’être « responsable de la planification des attaques » par les Houthistes et le 18 décembre ils ont mis en place une coalition d’États pour organiser la riposte. Une vingtaine de pays participent dont la France. Il s’agit de renforcer la présence militaire dans le Golfe d’Aden et en mer Rouge.

La tension est palpable : d’un côté l’axe de l’Iran, du Yémen avec le Hamas, et même le Hezbollah au Liban et de l’autre l’impérialisme américain et ses alliés dans la région, Israël, l’Arabie Saoudite ainsi que la coalition. Un foyer de plus qui accentue le risque d’escalade vers un conflit armé généralisé. Les évènements en mer Rouge perturbent le commerce mondial et risquent d’aggraver l’inflation actuelle. Les grosses compagnies (CMA CGM, BP, Evergreen…) renoncent à emprunter la mer Rouge, seul passage direct entre l’Océan Indien et la Méditerranée. C’est environ 30 % du commerce maritime de conteneurs et près de 2 millions de barils de pétrole qui transitent chaque jour par le canal de Suez. Les États capitalistes de l’occident, qui approuvent le massacre de population à Gaza, ne tolèrent pas en revanche que leurs intérêts commerciaux puissent être gênés.

80 % du trafic maritime est pour l’instant interrompu dans cette région. Les navires préfèrent contourner l’Afrique par le Cap de bonne espérance pour rejoindre l’occident. Cette prolongation aura inévitablement des conséquences sur le coût         des marchandises transportées. L’inflation rebondira de plus belle dans ce cas et ce sont encore les travailleurs et les classes populaires qui en feront les frais. La pauvreté va s’accroître. Voilà où mènent les guerres de l’impérialisme et celles qu’il soutient.