Durant la première quinzaine du mois de janvier, des pêcheurs de ville de Saint-Pierre, au nord de la Martinique, soutenus par des riverains, ont manifesté leurs désaccords face à l’installation d’une zone de mouillage organisée (ZMO) en rade dans leur commune. Ils dénonçaient aussi le manque de concertation dans le traitement de cette affaire.
La population n’a eu aucun contrôle ni droit de décision. Selon la préfecture, représentant de l’État, le projet « constitue une véritable opportunité de diversification maîtrisée de l’activité économique maritime sur le territoire Nord tout en renforçant la protection de l’environnement et la biodiversité marine ». Et la collectivité de Martinique lui a emboité le pas en soulignant que « la collectivité s’est appuyée sur des études de la CCIM et sur un avis favorable des services de l’État pour son financement ».
La surface de la zone de pêche permettant aux pêcheurs de tirer leurs sennes, de placer leurs nasses, ainsi que leurs outils de travail indispensables se trouve réduite. Par contre cela permettra à une frange de la petite bourgeoisie, de fréquenter la rade avec des bateaux de plaisance et de développer ses propres activités lucratives dans la zone.
Le président de Cap Nord et maire de Sainte-Marie, Nestor Azérot, n’ignore pas ces conséquences. Il a d’ailleurs déclaré qu’il « juge indispensable l’installation de cette zone de mouillage organisée dans la baie de Saint-Pierre… pour le développement économique ». Il a été soutenu par le maire de Saint-Pierre, Christian Rapha, tous deux macronistes de première heure. Quant à Marcellin Nadeau, député de la gauche démocrate et républicaine NUPES, et ex maire de la commune voisine du Prêcheur, il s’est montré un peu plus nuancé : « Je souhaite que le chantier soit stoppé et que la concertation soit relancée ». Mais ces trois élus ont bien pris soin de ne pas dire que ce projet bénéficiera surtout aux plus riches, petite et grande bourgeoisie locale ou de passage.
Avec eux, la classe dominante du Nord pourrait dormir sur ses deux oreilles. Mais les pauvres, les pêcheurs et les riverains n’ont pas dit leur dernier mot. Pour l’heure, le projet est suspendu pour de nouvelles concertations !