Depuis la démission du premier ministre Ariel Henry le 11 mars, la situation continue de se dégrader en Haïti. Le chiffre des victimes des gangs augmente depuis le début de l’année, 1554 tués et 826 blessés ont été dénombrés au 22 mars.
Les étrangers fuient le pays, le Canada et les USA ont évacué une partie de leurs ressortissants. Le 29 mars la marine française a évacué un groupe de 243 personnes, dont 163 ressortissants français, vers la Martinique.
La guerre des gangs s’intensifie depuis l’annonce par la Caricom de la formation d’un Conseil Présidentiel de sept membres appartenant à plusieurs groupes politiques. Ce Conseil avance de nouvelles promesses dont celle de restaurer l’ordre public. En fait une brochette de politiciens en quête de postes de ministre, premier ministre, voire président si les élections qu’ils visent se réalisent.
Les opposants à cette institution montrent leur hostilité. Le chef de gang “Barbecue” Jimmy Chérizier, vise à regrouper sous son autorité différents gangs qui dictent leur loi et contrôlent la quasi totalité de la capitale. Son but est de transformer ce contrôle de fait en une représentation politique officielle.
Les partisans de l’autre opposant notoire, Guy Philippe, ont manifesté jeudi 28 mars dans la ville de Hinche avec des slogans appelant à le nommer président. Ils étaient accompagnés par des policiers de la brigade de surveillance des aires protégées, la BSAP, devenue le bras armé de Guy Philippe.
Pendant ce temps le quotidien de la population dans les quartiers est fait de débrouillardise et de survie. Il s’agit de savoir comment arriver au bout de la journée en ayant trouvé de quoi nourrir la famille, lors des sorties d’éviter les balles et les barricades posées par les bandits sur le quartier. Quant aux marchandes, elles cherchent le trajet le moins risqué pour arriver à vendre quelques produits qu’elles portent dans un plateau sur leur tête. Les ouvriers des usines, eux, n’ont pas de travail depuis la fermeture de la zone industrielle, chacun reste dans sa cour espérant ne pas subir d’attaque.
Dans ce marasme, la population réagit quand elle se trouve en position de le faire. Ainsi samedi 30 mars une foule a envahi un poste de police du côté de la frontière dominicaine pour s’emparer de deux individus. Arrêtés comme passeurs d’armes et munitions pour les gangs, ils ont été exécutés. Dans d’autres quartiers ce sont parfois des “brigades de vigilance” qui se mettent en place, une manière de prendre en main leur protection, voire plus quand la situation le permet.