Le 21 mai, une tornade s’est abattue sur la commune de Bassin-Bleu dans le nord d’Haïti.
Impuissante, la population a vu les tôles s’envoler et des maisons s’effondrer sous la violence des éléments. Ce phénomène rare a détruit plus de 200 maisons et plus de 50 personnes ont été blessées. Les maigres cultures ont été détruites et les quelques têtes de bétail ont été emportées. Cette catastrophe naturelle a été amplifiée par les conditions précaires dans lesquelles vit la majorité de la population locale, à laquelle s’est ajoutée les gens qui fuient Port-au-Prince. Leurs habitats sommaires ont été balayés par les éléments.
360 000 personnes sont déjà déplacées à travers le pays, elles ont fui pour échapper à une autre tornade mortelle, celle des gangs, qui fait des ravages et frappe plus durement la population pauvre tous les jours.
Une ONG locale a prévu une aide humanitaire, mais c’est avec des brouettes, pelles et pioches que les habitants ont commencé les déblaiements en l’absence de services publics.
Avec l’effondrement de l’État, aucun des acteurs qui se proposent pour être au pouvoir n’a été capable de réagir au service de la population. Les gangs avec leurs déclarations factices de “vivre ensemble” terrorisent la population qui essaie de survivre dans les ruines des quartiers. Le conseil présidentiel avec les querelles pour le pouvoir qui animent ses membres montre son mépris de la population. Il est impuissant et n’a pas de moyens d’action, il est en attente du débarquement des soldats américains.
Le gouvernement américain ne veut pas s’empêtrer dans ce bourbier qu’il a créé avec le trafic d’armes et laisse la place à une intervention des policiers kényans. Ces derniers attendus par la police haïtienne ont repoussé leur venue de plusieurs semaines, les militaires américains ayant repris l’aéroport de la capitale n’ont pas terminé les locaux devant les loger.
Lors des affrontements entre les gangs, les morts ne se comptent plus, et n’attirent plus les médias américains ou l’ambassade sauf quand il s’agit d’un de leurs ressortissants.
La population, comme à Bassin-Bleu face à une tornade naturelle, peut s’organiser face à la tornade criminelle des gangs.