Les gangs contrôlent la quasi totalité des quartiers de la capitale et les communes avoisinantes. Le 4 septembre le gouvernement a étendu l’état d’urgence en vigueur dans la région de Port-au-Prince à l’ensemble du territoire, avant l’arrivée d’Antony Blinken le secrétaire d’État américain.
Une distribution d’équipements et d’armes avait été faite aux policiers, avec l’objectif de reprendre les territoires contrôlés par les gangs armés.
À Croix-Des-Bouquets, c’est le gang « 400 Mawozo » qui contrôle la route nationale menant vers le Cap. Ils y ont installé un péage et kidnappent les récalcitrants. Le 4 septembre ils ont érigé un double mur pour cadenasser cette portion. Au grand étonnement des habitants il y a eu une réaction de la police qui est intervenue le 6 septembre avec des engins pour dégager la route.
Ce fait d’armes est à mettre en lien avec la visite d’une journée d’Antony Blinken le 5 septembre. Il a reçu les actuels dirigeants à l’ambassade des États-Unis à proximité de l’aéroport, sous la surveillance des soldats kényans. Le Premier ministre, le patron du Conseil présidentiel de transition, neuf responsables d’organisations politiques ont été accueillis pour leur rappeler les attentes du gouvernement des USA.
La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) dont le mandat expire en octobre 2024, est en faillite, l’argent promis n’est pas arrivé. Elle a besoin de 589 millions de dollars, or les gouvernements impliqués ne veulent pas investir. Afin de remédier à ce déficit financier, le secrétaire d’État avance l’hypothèse de modifier le statut de la mission, en la transformant en une « mission de paix » sous l’égide des Nations Unies.
Pour autant, la violence des gangs ne connaît pas de répit. Les kidnappings, les viols, les meurtres, sont incessants. La situation économique et sanitaire des habitants des quartiers est au plus bas. Ceux qui ont de l’embauche sur la zone industrielle empruntent des itinéraires de fortune pour y accéder.
Mais les patrons de la zone industrielle ont moins de soucis. Antony Blinken a rassuré le patron de l’association des industriels d’Haïti sur l’importation des textiles aux USA. La loi Hope facilite l’importation aux USA des produits textiles fabriqués en Haïti. Il a assuré de son soutien lors du vote régulier de la loi Hope qui arrive à expiration en 2025.
Pour ceux qui en doutaient, les efforts de la bourgeoisie américaine et locale ne sont pas dans l’intérêt des populations pauvres. Face à l’absence de résultats concrets devant l’insécurité, les habitants de Port-au-Prince ne comptent plus sur la MMAS.