Le samedi 21 septembre, le président kényan William Ruto a passé quelques heures en Haïti. Il a rencontré le président du Conseil présidentiel de transition, Edgard Leblanc Fils, a visité des policiers kényans en poste et puis… il est reparti.
La misère s’accroit pour la population des quartiers pauvres sous la pression des gangs, et elle cherche tous les moyens pour s’en sortir. Ainsi le samedi 14 septembre à la recherche de carburant, des habitants d’un quartier proche de la ville de Miragoane ont tenté de récupérer de l’essence qui s’écoulait d’un camion-citerne accidenté. Le camion a explosé et officiellement 24 personnes ont été tuées, plus de quarante blessées, brulées. Les structures de soins n’ayant pas le matériel nécessaire, le bilan s’est alourdi depuis et le premier ministre intérimaire répète les promesses sur l’aide internationale à venir.
Dans les quelques usines de textile qui fonctionnent encore, les ouvriers comptent sur eux-mêmes et se battent pour se faire respecter. Dans l’usine MBI au parc industriel, les ouvriers ont réagi face à la direction.
Dans cette entreprise à direction coréenne, le patron fait travailler cinq jours de la semaine et impose de réaliser la production de six jours. La grève y a démarré quand la direction a décidé de remplacer un chef de département apprécié par les ouvrières et ouvriers. Quand le patron a décidé de fermer trois lignes de fabrication qui avaient repris depuis quelques semaines, ce chef avait pris le parti des travailleurs, arguant qu’en ce moment il y a des commandes. Pour les ouvriers c’est un salaire nécessaire qui disparait.
La direction a appelé un autre chef pour le remplacer. Il est connu pour avoir sévi dans deux autres usines du parc industriel où il a effectué des licenciements secs. En apprenant sa venue le vendredi 14 les ouvriers ont lancé la grève. Jusqu’à mardi 18, ils sont venus à l’usine et s’asseyaient à leur poste sans travailler. Ils ne voulaient pas de négociation et demandaient le départ du chef. Malgré la pression de la direction et des chefs de lignes, les ouvriers ont tenu bon. En réaction, le mercredi 18 la direction a isolé le département, coupant les ventilateurs, les machines, les alimentations électriques. À l’aide de policiers et de vigiles armés elle a refoulé les ouvriers et a déclaré l’usine fermée jusqu’au 2 octobre. Les ouvrières et ouvriers ne se résignent pas et seront présents le 2 octobre.
À “Fairways”, les ouvriers veulent récupérer leur dû. Depuis plusieurs semaines, l’usine est en lock-out et les ouvriers étaient indemnisés d’une demi solde chaque semaine. Le patron a arrêté ce versement, depuis deux semaines. Vendredi 21 septembre les ouvriers ont manifesté toute la journée devant l’usine en réclamant le paiement des indemnités. Le patron a reçu une délégation et a cédé sous la pression. Il va payer les arriérés des deux semaines, mais il ferme l’usine en versant les indemnités de licenciements.
C’est une victoire pour ces travailleurs qui montrent la voie par leur ténacité et leur organisation. Ils restent mobilisés jusqu’à l’obtention de leurs indemnités.