CO N°1335 (12 octobre 2024) – Martinique – Autonomie alimentaire… ou blabla pour tables rondes ?

Dans la lutte contre la vie chère, le préfet Jean-Christophe Bouvier et le président de la CTM, Serge Letchimy ont mis en avant comme piste, la nécessité de développer les filières de productions locales pour aller vers une « autonomie alimentaire ». Manti a mantè !

Dans une interview donnée au journal France Antilles du 3 octobre 2024, le directeur de la Chambre d’Agriculture de Martinique et conseiller territorial PPM, Nicaise Monrose fait état de la situation difficile voire catastrophique de bon nombre de petits agriculteurs qui cultivent des produits locaux. « On est en train de zigouiller nos agriculteurs » dit-il carrément.

Monrose met l’accent sur le fait que la culture et la commercialisation de ces produits, demandent souvent des investissements spécifiques pour être rentables. Il cite ainsi le cas de la tomate ou celui de l’igname. Or les aides aux agriculteurs allouées par les fonds européens tels que le POSEI (programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité) sont captées principalement par les gros producteurs de culture d’exportation, telles la banane et la canne. « Sur 110 millions d’aide au revenu, la banane, c’est 95 millions par an » poursuit le conseiller PPM.

Voilà comment d’année en année, les plus gros producteurs raflent le maximum de ces aides versées en fonction du tonnage produit.

Et d’après Nicaise Monrose, cela fait vingt ans qu’il se bat pour une politique agricole permettant de nourrir la population, mais il trouve porte close. La politique publique agricole est toujours décidée au niveau européen avec l’État français comme intermédiaire au service des gros possédants. Ce n’est pas un scoop !

Ce que ne dit pas M. Monrose, c’est qu’en plus, les grandes terres les plus fertiles appartiennent aux capitalistes locaux. Des moyens de production qui sont leur propriété privée. Tant que ces capitalistes resteront propriétaires de ces terres, qu’ils ne seront pas expropriés par les ouvriers et petits agriculteurs en lutte, et que la propriété privée des moyens de production n’est pas abolie, les petits agriculteurs continueront de « se faire zigouiller ». C’est la revendication de nombreux jeunes agriculteurs.

Alors, il faut arrêter de se prosterner devant ces arnaqueurs-voleurs ! Sinon, les belles déclarations des uns et des autres ne servent qu’à meubler les tables rondes.