Le mercredi 2 octobre le gouvernement dominicain a annoncé un plan d’expulsions massives d’Haïtiens.
Ce plan à « exécution immédiate » prévoit « l’expulsion de 10 000 Haïtiens sans-papiers par semaine ». Le but avancé est de lutter contre l’arrivée de population qui augmente avec la montée de la violence des gangs occupant des territoires de plus en plus importants en Haïti.
C’est ainsi que dans la localité de Pont-Sondé dans l’Artibonite le gang local, qui avait été repoussé pendant longtemps par les habitants, a repris le dessus. Dans une attaque sanglante menée le 3 octobre il a massacré plus de 150 personnes selon les médias locaux. Le nombre exact des victimes n’est pas connu, plusieurs personnes décédées ont été enterrées par leurs proches.
Fuyant ces massacres, une partie de la population traverse la frontière par tous les moyens et tente de s’installer en attendant des jours meilleurs. Certains continuent leur périple en traversant Saint-Domingue vers Porto-Rico puis les USA.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, le président dominicain Luis Abinader a durci la politique migratoire et multiplié les expulsions d’Haïtiens. En 2023, 250 000 ont été expulsés. Il a renforcé la présence policière à la frontière où a été construit un mur de 164 km qui continue de s’étendre.
En octobre 2023, après le conflit concernant la construction d’un canal d’irrigation vers Haïti depuis la rivière Massacre, le gouvernement dominicain a suspendu la délivrance de visas aux Haïtiens. Il a renforcé la militarisation à la frontière, les contrôles biométriques et bloqué les flux migratoires. L’armée et la police ont été autorisées à mener ce qu’ils appellent « des opérations migratoires ». Ainsi, pour la seule journée du 4 octobre, au moins 1 100 Haïtiens ont été arrêtés et expulsés dans le cadre de ce programme.
La suspension de l’octroi de visas aux Haïtiens a bloqué les possibilités de regroupement familial ou empêché l’accès aux possibilités de faire des études et de trouver un emploi.
Des manifestants avec des slogans racistes, xénophobes ont défilé dans plusieurs villes et les exactions contre les Haïtiens se sont multipliées.
Cet ostracisme est alimenté par les manœuvres du gouvernement et des politiciens locaux qui orientent l’opinion publique contre les Haïtiens. Ils tentent de faire oublier la corruption omniprésente au profit de la bourgeoisie locale et la criminalité qui gangrènent la société Dominicaine.