CO N°1336 (26 octobre 2024) – Il y a 70 ans – Algérie : la guerre d’indépendance

Le 1er novembre 1954, des bombes explosaient à Alger et en différents points du pays, marquant le début de la guerre d’Algérie dirigée par le Front de libération nationale (FLN). Cela faisait plus d’un siècle que le peuple algérien était opprimé sous la domination de l’État colonialiste français.

La conquête sanglante de l’Algérie

La conquête de l’Algérie débuta en 1830 par les massacres de l’armée française. Ce fut le début d’une colonisation qui dura 132 ans. L’impérialisme français utilisa les pires méthodes criminelles pour forcer les populations à se soumettre : une barbarie sans nom. Ce furent des assassinats en masse de populations algériennes, des villages entiers brûlés, des troupeaux et des terres dévastés.

La population algérienne résista à cette colonisation notamment par l’opposition armée dirigée par Abdel Kader. Elle fut vaincue, mais il fallut quarante ans à l’armée française pour éteindre les révoltes.

Entre les massacres et les famines dues aux dévastations et à la spoliation de millions d’hectares de terre, la population algérienne passa de trois millions à deux millions. Elle se vit aussi privée de tout droit.

En 1881, les Algériens furent soumis au code de l’indigénat. Pour sortir de son village, il fallait une autorisation. Seuls les Algériens arabes étaient soumis à l’impôt. Regarder un colon dans les yeux était considéré comme de l’arrogance et passible de prison. Les Algériens n’avaient pas le droit de vote. Ils étaient des parias, corvéables à merci, des étrangers dans leur propre pays.

L’État colonial français fit venir en Algérie des colons originaires de France, d’Italie, d’Espagne, de Corse, Malte et d’ailleurs. Ce furent les « pieds noirs ».

Quelques riches colons s’accaparèrent les terres et les paysans algériens furent de plus en plus contraints de quitter les campagnes. Ils se réfugièrent dans les grandes villes où ils formèrent une classe ouvrière nouvelle.

L’éveil du nationalisme

L’oppression coloniale engendra la naissance d’un mouvement nationaliste algérien. En 1936, à Paris, le gouvernement du Front populaire réprima les manifestants algériens qui réclamaient le droit de vote.

Le 8 mai 1945, à Sétif en Algérie, lors de la manifestation pour fêter la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la police tira sur un homme tenant un drapeau algérien. Cela déclencha la révolte. La répression du gouvernement français de l’époque, dirigé par De Gaulle, fit entre 20 000 et 40 000 morts.

En octobre 1954, de jeunes nationalistes : Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat, Mohammed Boudiaf, Mourad Didouche, Belkacem Krim fondèrent le Front de libération nationale (FLN). Trois autres chefs historiques furent Hocine Ait Ahmed, Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider.

Ils ne pouvaient compter au départ que sur quelques dizaines de militants en Algérie et un maquis qui s’était maintenu en Kabylie.

Le 1er novembre 1954, le FLN lança la guerre de libération du pays. Une vague d’attentats frappa tout le territoire algérien. Des casernes furent attaquées, des attentats visèrent l’usine de gaz et le dépôt de pétrole d’Alger.

La guerre d’Algérie dura huit ans. La bourgeoisie française s’accrocha à cette colonie. Les militaires eurent tout pouvoir pour torturer, massacrer et semer la terreur. Les plus experts dans la torture étaient les régiments de parachutistes du sinistre colonel Bigeard dont Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national en 1972 en France, fit partie.

En face, le FLN s’assura constamment l’hégémonie du mouvement de libération. Déjà, pendant la guerre, il contraignit toutes les tendances politiques à disparaître au sein d’un parti unique, le FLN. Le Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj créé en novembre 1954 fut éliminé politiquement et physiquement.

La défense des intérêts des travailleurs, des paysans pauvres n’était pas la cause première du FLN

Les dirigeants du FLN eurent l’immense courage de déclencher une guerre contre la domination coloniale. Mais ils ne visaient pas l’émancipation des classes opprimées. Leur objectif politique a surtout été de construire un État national libéré du colonialisme français. Au nom de l’État et du patriotisme algérien, les dirigeants nationalistes ont imposé des sacrifices à leur population ainsi qu’une féroce répression pendant et après la guerre.

Les dizaines de milliers de travailleurs algériens exploités dans les usines françaises auraient pu jouer un rôle clef en s’adressant à leurs frères de classe français. Le FLN les cantonnait à un rôle de soutien financier en flattant la corde nationaliste.

L’indépendance

En 1958, il devenait de plus en plus évident que l’armée française n’arriverait pas à écraser le FLN et la volonté d’indépendance du peuple algérien. Le maintien de la colonisation mettait donc la bourgeoisie française face à une véritable crise politique. Les gouvernements de gauche s’étaient avérés incapables d’imposer une solution. Le Général De Gaulle fut rappelé aux affaires.

Après plusieurs mois de négociations entre l’État français et les dirigeants du FLN, l’indépendance fut effective le 5 juillet 1962 aux accords de Genève. L’État français réussit à garder pendant plusieurs années le contrôle d’une partie des richesses du territoire algérien, notamment le pétrole du désert algérien.

La guerre d’indépendance fit 25 000 morts côté français et on peut estimer entre 300 000 à 500 000 morts côté algérien.

Le courage et la détermination de la population algérienne eurent raison de l’odieux régime colonial mais la domination et l’exploitation capitaliste est restée intacte. La lutte nationaliste du FLN a débouché sur une impasse pour les exploités.

Les dirigeants du FLN parvenus à la tête du pays défendirent non seulement les intérêts de la bourgeoisie algérienne mais aussi des grands groupes capitalistes français tels que BNP, Bouygues, Renault, Alsthom etc. installés dans le pays. Pots de vin, corruption étaient et sont encore légion.

Aujourd’hui, l’émancipation de la classe ouvrière algérienne vis-à-vis de sa bourgeoisie nationale reste à l’ordre du jour comme partout ailleurs dans le monde.