CO N°1337 (9 novembre 2024) – Guadeloupe – La direction d’EDF-PEI, responsable du blackout général

L’arrêt total de la production d’électricité de vendredi 25 et samedi 26 octobre a bouleversé la vie de tous.

Beaucoup de travailleurs soutiennent et défendent les grévistes. Mais dans la population et en particulier dans la petite bourgeoisie bien pensante, beaucoup de gens les critiquent. Comme s’il n’y avait pas de direction à EDF Guadeloupe et à EDF France. Car voilà une grève qui dure depuis plus d’un mois, après une première grève il y a plus d’un an. Le protocole d’accord signé en février 2023 n’a pas été respecté par la direction, ce qui a causé la grève récente. Mais en plus, l’un des chefs d’EDF venu sur place en Guadeloupe à la demande des grévistes a brutalement quitté la table des négociations et est reparti en France. Puis, EDF a lancé un ultimatum aux grévistes jusqu’à vendredi 25 octobre pour signer la partie de l’accord obtenu lors des négociations. La veille, un travailleur de PEI, particulièrement apprécié de ses camarades, a reçu une lettre le convoquant à un entretien préalable à sa mise à la retraite d’office, en pleine grève et en pleine tension des salariés grévistes. Ses camarades en ont eu connaissance le vendredi 25. C’est alors que les grévistes sur un coup de colère ont provoqué l’arrêt de toutes les machines causant l’arrêt général et total de la production sur l’ensemble de l’archipel.

Alors, les grévistes seraient des « criminels » ? Et la direction d’EDF ? De braves et gentilles personnes ? Une direction qui laisse pourrir la situation au point de jouer autant avec les nerfs de ses employés grévistes est une direction incompétente. Mais les Losbar, Chalus, Serva, Mario Varo se sont rangés du côté de cette direction. Serva est allé jusqu’à traiter les grévistes de terroristes. Et la direction, elle ? Elle a tout bon ? Tout ce beau monde a choisi le camp des exploiteurs, pas celui des exploités. Le camp des gros, pas celui des petits. La grève est la seule arme des travailleurs face à un patronat de plus en plus rapace. EDF a réalisé 10 milliards de bénéfices nets en 2023.  Sur ces 10 milliards, 195 millions viennent d’EDF-PEI opérant en Guadeloupe, Martinique, la Réunion, la Corse, et dont le siège est à Paris.

Sur quoi ont buté les négociations ?

Les travailleurs réclament que leurs congés soient comptabilisés en jours et non pas en heures. Car en heures ils n’obtiennent que 23 jours de congés payés au lieu de 27. Ils se font voler quatre jours de congés par an et par salarié. Ce vol représente 1,2 millions d’euros que la direction d’EDF récupère. Et c’est cela qui a provoqué le départ du négociateur venu de France qui a plié bagage ! Mais n’est-ce pas une revendication légitime ?

Ce ne sont pas les travailleurs en grève qui ont rompu les négociations mais la direction d’EDF-PEI. De plus, il faut savoir qu’à la production les travailleurs effectuent ce qu’on appelle « les 3×8 ». C’est-à-dire qu’ils font des nuits de travail. Et si cela est absolument nécessaire, c’est aussi épuisant.

Après cet arrêt général d’électricité, on doit reconnaitre au moins une chose : la force considérable que représente la classe ouvrière. Qu’elle s’arrête de travailler et plus rien ne peut fonctionner ! Que les Vial-Collet et autres gros patrons n’aient pas de mots assez durs contre les grévistes d’EDF, cela se comprend. Ils défendent leur classe sociale, celle des nantis, celle des exploiteurs qui empochent des richesses grâce à l’exploitation de la force de travail des ouvriers.

Ceux qui, parmi les travailleurs et la population se joignent à ce concert de lamentations anti-grévistes sont les mêmes qui triment pour payer les augmentations des tarifs de l’électricité. Ils ne font donc pas le bon choix malgré toutes les difficultés qu’ils ont pu connaitre lors de ce blackout.