CO N°1338 (23 novembre 2024) – Haïti – Les ministres passent, les gangs progressent

Alors que la lutte entre les politiciens du conseil présidentiel de transition se poursuit, les gangs lancent de nouvelles attaques montrant qu’ils contrôlent la capitale.

Les vols civils sont arrêtés à l’aéroport de Port-au-Prince depuis les tirs des gangsters qui ont touché les avions de deux compagnies aériennes le 11 novembre. Ils sont suspendus pour au moins trente jours.

Sortir de la capitale devient impossible, les gangs qui tiennent les péages bloquent la route, ceux qui contrôlent le port et la côte de Port-au-Prince empêchent la sortie des bateaux.

Le terminal pétrolier qui alimente la distribution de carburant est bloqué une nouvelle fois par le gang qui contrôle cette zone. Les chauffeurs des transports craignent une pénurie de carburant associée à une augmentation du prix des carburants. Mais aussi celui du pétrole lampant qui permet de s’éclairer dans les quartiers populaires privés d’électricité.

Après l’attaque du 14 novembre, le quartier de Solino est sous la coupe de la coalition de gangs « Vivre ensemble », ils poursuivent leur avancée vers les quartiers de Nazon et Delmas où des centaines de familles ont aussi quitté leurs maisons de peur d’être à leur tour des cibles. Ils fuient vers les quartiers avoisinants où les conditions de vie s’aggravent. Ceux qui tentent de gagner l’étranger sont bloqués à la frontière dominicaine, renvoyés avec le risque de confiscation de leur passeport et documents.

Les gangs rappellent que ce sont eux les maîtres des lieux et veulent boucler totalement la capitale et la zone métropolitaine.

C’est le moment où le président intérimaire Leslie Voltaire règle ses comptes en nommant Alix Didier Fils-Aimé premier ministre. Ancien président de chambre de commerce, il est reconnu par les possédants et a nommé un nouveau gouvernement le 16 novembre. Il a l’aval des ambassades du Canada, des USA, de la France et l’ONU n’a pas mis de véto. Les possédants y trouvent leur compte et continuent à faire des bénéfices sous le racket des gangs.

Face aux attaques dans les quartiers, les habitants qui ne fuient pas font le dos rond attendant que la vague passe. Certains se concertent néanmoins, en attendant le moment de reprendre l’action comme lors des opérations « bwa kalé » où ils ont mis à mal et tué certains bandits.